GUERRE FRANCO-ALLEMANDE DE 1870-1871

GUERRE FRANCO-ALLEMANDE DE 1870-1871

L'ARMÉE ALLEMANDE

Armée Allemande

L'armée allemande est :

Commandée par : Guillaune Ier, roi de Prusse

Roon, ministre de la guerre

Molkte, chef d'état-major

En première ligne, elle est :

Formée de : 338 000 hommes sur la rive gauche du Rhin, vers Mayence, et divisée en 3 armées (voir ci-après)

 

En deuxième ligne, elle est :

Formée en 2ème ligne, de : 170 000 hommes d'infanterie et de cavalerie

Composée de : - Ier corps, général Manteuffel + 2 Div

IIe corps, général de Fransecky + 2 Div

VIe corps, général de Tumpling + 2 Div

IXe corps, général de Manstein + 2 Div + 1 Bgd cavalerie

17e Div d'inf + 17e Bgd cavalerie + 1 Div de garnison

1e Div cavalerie de 6 Rgt

2e Div cavalerie de 6 Rgt

4 Div mobilisées de Landwehr, à 4 Rgt à 3 Btl

Et il restait encore en Allemagne des troupes facilement mobilisables.

Uhlan, coiffé de la Schapska

 

La Ie Armée :

La Ie Armée, créée au début de la guerre, est :

Formée de : 55 000 hommes

Commandée par : le général von Steinmetz

Composée des : VIIe (Zastrow) + VIIIe corps + 3 Div de cavalerie puis + Ie

Elle est à Trèves.

 

La IIe Armée :

La IIe Armée, créée au début de la guerre, est :

Formée de : 143 000 hommes

Commandée par : le prince Frédéric-Charles de Prusse, dit le prince Rouge

Composée des : Garde prussienne + IIIe + IVe + Xe + XIIe corps + 3 Div de cavalerie, puis + garde et XIe

Elle est à Mayence.

 

La IIIe Armée :

La IIIe Armée, créée au début de la guerre, est :

Formée de : 140 000 hommes

Commandée par : Frédéric-Guillaume, Prince-Royal de prusse

Composée des : Ve + XIe + Ie et IIe corps bavarois + 1 Div wurtembergeoise + 1 Div badoise

+ 4 Div de cavalerie allemandes du Nord + 1 Div de cavalerie bavaroise puis + IIe et IVe

Elle est à Landau.

 

L'armée allemande assiégeante de Paris :

L'empereur et l'armée de Châlons ayant capitulés à Sedan le 2 septembre, Bazaine et l'armée du Rhin "réduite"

étant assiégés à Metz, la IIe et IIIe armées allemandes avancent sans obstacles sur Paris.

 

L'armée allemande assiégeante de Paris, créée fin septembre, est :

Formée de : 169 000 fantassins

13 000 cavaliers

700 canons

Composée des : IIe Armée (- Xe corps resté à Metz) et IIIe armée (+ VIe corps qui était en seconde ligne)

 

Les effectifs de l’Armée Allemande

Progrès des armées allemandes de 1866 à 1870

 

La guerre de 1866 durait encore que la Prusse, en prévision des annexions qu'elle voulait faire, avait déjà pris ses mesures pour augmenter son armée; il lui fut donc facile, à la fin de cette guerre, de faire entrer dans son système militaire, non-seulement les provinces annexées, mais encore les pays de la Confédération allemande du Nord.

 

Avant la paix de Prague, la Prusse avait 1 corps de la garde et 8 corps d'armée provinciaux.

Ces 9 corps d'armée, sauf des différences sans importance, étaient organisés de la même manière.

Chaque corps renfermait, en troupes de ligne actives et permanentes :

9 régiments d'infanterie à 3 bataillons ;

1 bataillon de chasseurs ;

6 régiments de cavalerie ;

Une brigade d'artillerie, composée d'un régiment de campagne et d'un régiment d'artillerie de place ;

1 bataillon de pionniers et

1 bataillon du train.

Chaque corps d'armée, sur le pied de guerre, représentait en troupes de campagne un effectif d'environ 30.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 96 pièces de campagne.

 

II n'y avait aucune difficulté à augmenter l'effectif de chaque corps de troupes, grâce au grand nombre d'hommes exercés au service militaire, et aux institutions organiques en vigueur.

On formait donc très facilement de nouvelles compagnies, de nouveaux bataillons ou escadrons. La base de ces nouvelles formations était, en première ligne dans les troupes de dépôt (ou de remplacement), en seconde ligne dans la landwehr, destinée à fournir les garnisons des places fortes et, en outre, à former des réserves stratégiques pour l'armée de ligne combattant à l'étranger.

A la suite de ces annexions directes, le gouvernement prussien ordonna la formation de 3 nouveaux corps d'armée, ce qui portait à onze le nombre des corps provinciaux de l'armée prussienne, sans compter la garde qui se recrute dans toute l'étendue de l'Etat prussien.

Par le fait, on ne créa que 16 nouveaux régiments d'infanterie sur les 27 que devaient renfermer les trois nouveaux corps d'armée ; les vides devaient être remplis par les contingents des petits Etats de la Confédération du Nord.

En entrant dans cette Confédération, le royaume de Saxe fournit un douzième corps d'armée provincial.

 

Infanterie :

Corps de la garde prussienne :

4 régiments à pied de la garde,

4 régiments de grenadiers de la garde,

1 régiment de fusiliers de la garde,

1 bataillon de chasseurs de la garde,

1 bataillon de tireurs d'élite de la garde,

Ce qui fait 29 bataillons d'infanterie.

 

Troupes provinciales (y compris le 12e corps Saxons) :

88 régiments d'infanterie prussienne, portant les numéros 1-88, dont 12 régiments de grenadiers n°1-12, et 8 régiments de fusiliers,n°33-40.

17 régiments fédéraux d'infanterie, savoir :

De Mecklenbourg, n°89 (grenadiers) et n°90 (fusiliers), appartenant au 9e corps d'armée,

1 d'Oldenbourg, n°91 (10e corps d'armée) ; 1 de Brunswick, n°92 (10e corps) ;

1 d'Anhalt, n°93 (4e corps) ; 1 (septième) de Thuringe, n°96 (4e corps), fourni par la Saxe-Altenbourg et Reuss ;

1 (cinquième) de Thuringe, n°94 (11e corps), fourni par la Saxe-Weimar ;

1 (sixième) de Thuringe, n°95 (11e corps), fourni par la Saxe-Cobourg-Gotha et la Saxe-Meiningen-Hildbourg- hausen-Saalfeld ;

9 régiments, n°100 à 108, du 12e corps (Saxons), dont 2 régiments de grenadiers, n°3 1OO et 101, et un régiment de fusiliers, n°108.

 

Les numéros 97, 98 et 99 manquent dans la série des régiments provinciaux de l'Allemagne du Nord. Par suite de diverses conventions militaires particulières, la Prusse devait lever des régiments pour quelques petits Etats, ou transporter plutôt des régiments prussiens sur leur territoire. Cette nouvelle organisation n'étant pas terminée dès le début, c'est pour cela que les numéros 97, 98 et 99 restèrent provisoirements vacants.

 

Les bataillons de chasseurs provinciaux étaient :

11 bataillons, n° 1-11, pour les onze corps prussiens ;

2 bataillons saxons, n°12 et 13, pour le 12e corps;

1 bataillon mecklenbourgeois n°14.

 

En récapitulant l'infanterie, nous avons :

9 régiments de la garde à 3 bataillons soit 27 bataillons,

88 régiments prussiens à 3 bataillons soit 264 bataillons,

17 régiments fédéraux à 3 bataillons soit 51 bataillons,

2 bataillons de chasseurs de la garde,

14 bataillons de chasseurs provinciaux,

Total : 358 bataillons.

 

La force moyenne du bataillon, en entrant en campagne est de 1.000 combattants, répartis dans 4 fortes compagnies.

A chaque mobilisation, on forme aussitôt par régiment d'infanterie un bataillon de dépôt —ou de remplacement— de 1.000 hommes, et par bataillon de chasseurs une compagnie de dépôt de 200 hommes.

En moins de deux mois chaque bataillon de dépôt peut être doublé sans difficulté, de sorte que l'on possède alors d'abord un 4e bataillon tout prêt à entrer en campagne et, en second lieu, un nouveau bataillon de dépôt.

L'infanterie allemande du Nord peut donc mettre en campagne, sans rien improviser :

En première ligne (infanterie et chasseurs) 358.000 hommes,

En seconde ligne 117.200 hommes,

Total : 475.200 hommes.

 

Cavalerie :

La campagne de 1866, les annexions, etc., apportèrent des changements importants dans la cavalerie.

Les régiments de cavalerie de la garde restèrent les mêmes après 1866; c'étaient :

1 régiment de gardes du corps,

1 régiment de cuirassiers,

2 régiments de dragons,

1 régiment de hussards,

3 régiments de uhlans (lanciers), en tout 8 régiments.

 

Le nombre de régiments de cuirassiers de la ligne resta également le même après les annexions ; c'étaient les 8 anciens régiments de cuirassiers prussiens.

Il n'en fut pas ainsi des dragons, des hussards et des uhlans.

Le nombre des régiments de dragons prussiens qui était de 8 fut porté à 16 après 1866 ; il s'y joignit en outre les deux régiments de dragons mecklenbourgeois avec les numéros 17 et 18, le régiment de dragons d'Oldenbourg avec le n°19, et les 4 anciens « régiments de cavalerie » saxons qui conservèrent leurs titres et leurs numéros de 1 à 4. La Confédération du Nord comptait donc 23 régiments de dragons, y compris les cavaliers saxons.

Les 12 anciens régiments de hussards prussiens furent portés à 16 après les annexions, et il s'y ajouta le régiment de hussards de Brunswick, avec le n°17. La Confédération avait en conséquence 17 régiments de hussards.

Les 12 régiments de uhlans prussiens furent également portés à 16, et deux régiments de uhlans saxons, nouvellement créés, donnèrent 18 régiments de uhlans.

 

En récapitulant la cavalerie de l'Allemagne du Nord nous trouvons (sans la Hesse-Darmstadt):

Garde prussienne   8 régiments,

Cuirassiers   8 régiments,

Dragons   23 régiments,

Hussards   17 régiments,

Uhlans   18 régiments,

Total :   74 régiments.

 

Chacun de ces régiments avait, dans la nouvelle formation, 5 escadrons dont 4 escadrons de guerre et un de dépôt. Ce dernier était complètement organisé, même sur le pied de paix ; avec le système de réserve et de landwehr en vigueur, il était possible de grossir considérablement cet escadron de dépôt de manière à en faire le noyau de nouveaux escadrons de guerre de réserve et d'escadrons de garnison de la landwehr pour occuper les places fortes, défendre les côtes et former des réserves stratégiques en arrière de l'armée d'opérations.

Chaque escadron entre en campagne avec 150 chevaux montés, de sorte que les 74 régiments de cavalerie mettent en campagne :

En première ligne 44.400 chevaux,

En deuxième ligne (dépôts) 11.100 chevaux,

Total :  55.500 chevaux.

 

Artillerie :

D'après la règle générale, chaque brigade d'artillerie se compose d'un régiment d'artillerie de campagne et d'un régiment d'artillerie de places. Néanmoins, les brigades des 9e, 10e, 11e et 12e corps d'armée de la Confédération allemande du Nord n'ont jusqu'à présent qu'une division d'artillerie de places avec le régiment d'artillerie de campagne.

Chaque régiment d'artillerie de campagne se compose, sur le pied de guerre, de 5 divisions, savoir : 1 division à cheval, 3 divisions à pied et 1 division, de colonne (train). Le matériel des divisions à pied a été récemment transformé, de manière à en faire de l'artillerie montée.

Chaque division à pied compte 4 batteries, savoir : 2 batteries de 6 rayé et 2 batteries de 4 rayé. Toutes les pièces se chargent par la culasse.

Chaque division à cheval ne renferme, depuis 1866 que 3 batteries de 4 rayé.

Toutes les batteries sont de 6 bouches à feu.

D'après ce qui précède, chacun des 13 régiments d'artillerie de campagne met en première ligne 15 batteries avec 90 bouches à feu. Puis une division de colonne qui se compose de 9 colonnes, 4 pour les munitions d'infanterie et 5 pour les munitions d'artillerie.

Le régiment compte (sans les officiers) 3.731 hommes, 3.358 chevaux et 385 voitures (sans compter les canons).

Les 13 régiments de campagne mettent en première ligne 1.170 bouches à feu.

Chaque régiment d'artillerie de campagne forme, en cas de guerre, une division de dépôt de 2 batteries à pied et 1 batterie à cheval, ayant ensemble 18 pièces.

Cela donne 234 pièces en deuxième ligne pour les 13 régiments de la Confédération du Nord.

Les deux batteries d'Oldenbourg, une de 6 et une de 4, et la batterie de 6 rayé de Brunswick appartiennent au 10e régiment d'artillerie de campagne; les 4 batteries mecklenbourgeoises, 2 de 6 et 2 de 4, forment la 3e division à pied du 9e régiment de campagne.

Une division d'artillerie de places a 4 compagnies ; comme il y a 22 divisions de places, cela donne pour les 13 corps allemands du Nord 88 compagnies qui, en cas de guerre, peuvent être portées au double par l'incorporation d'hommes de la réserve et de la landwehr, ce qui fait 176 compagnies avec un effectif approximatif de 36.000 hommes.

L'artillerie de places fait le service des places fortes et des côtes, et elle fournit en outre le personnel des parcs de siège dans le cas d'une guerre offensive.

 

Génie :

Le génie se compose du corps des ingénieurs, uniquement formé d'officiers, et de 13 bataillons de pionniers, en temps de paix chacun de 4 compagnies : une de mineurs, deux de sapeurs et une de pontonniers. Un bataillon de pionniers mobilisé se divise, à la guerre, en 3 fortes compagnies, à chacune desquelles on attache, d'après sa destination, une colonne d'outils du génie, un équipage de ponts d'avant-garde ou une colonne de pontons. Les bataillons de pionniers fournissent en outre les cadres et le noyau des hommes pour les divisions de télégraphes et de chemins de fer. En cas de mobilisation, chaque bataillon de pionniers forme une compagnie de dépôt.

 

Train :

Chaque corps d'armée a son bataillon du train oui à l'inverse des autres corps de troupes, reçoit des recrues deux fois par an et ne les conserve que pendant six mois. Très-faible en temps de paix, le bataillon du train prend, en cas de mobilisation, des dimensions colossales, indépendamment des soldats du train qui sont spécialement affectés aux diverses fractions de troupes. Il se compose alors en effet de :

5 colonnes de vivres à 32 voitures;

1 colonne de fours de campagne à 5 voitures ;

1 dépôt de chevaux de 170 chevaux et 1 voiture ;

3 ambulances de 10 voitures, avec chacune une compagnie d'infirmiers pour relever les blessés ;

1 escadron d'escorte du train de 120 chevaux et une voiture;

1 colonne de voitures, correspondant aux compagnies auxiliaires du train des équipages français ; elle n'est formée qu'en cas de besoin et peut être cependant évaluée en moyenne à 5 divisions, chacune de 80 voitures.

Comme la cavalerie, par suite de son effectif élevé en temps de paix, n'a besoin pour être mobilisée que d'un nombre relativement restreint de ses réserves et de sa landwehr, elle fournit au train un contingent assuré et très suffisant pour compléter ses conducteurs et les hommes nécessaires pour soigner les chevaux.

 

Les douze districts :

Pour ce qui concerne le recrutement, l'administration, la formation des landwehriens et la mobilisation en général, le territoire de la Confédération allemande du Nord (sans la Hesse-Darmnstadt) est partagé en 12 districts de corps d'armée, un pour chacun des 12 corps provinciaux, tandis que le corps de la garde prussienne, le 13e de l'armée de la Confédération se recrute sur la totalité de la monarchie prussienne.

Chaque district de corps d'armée est en outre fractionné en neuf districts principaux d'une classe inférieure qui sont, en général, un district de bataillon de landwehr de réserve et 8 districts de régiment de landwehr.

Il y a dans chaque district de corps d'armée un district de bataillon de landwehr de réserve; mais les districts de régiment de landwehr sont par le fait en nombre variable; ainsi il s'en trouve :

8 dans chacun des 1er, 2e 3e 5e, 6e, 7e, 8e, 11e et 12e corps d'armée ;

6 dans chacun des 9e et 10e corps ;

9 dans le 4e corps d'armée.

Dans chaque district de régiment de landwehr se recrute le régiment d'infanterie de ligne correspondant; le régiment de fusiliers, le bataillon de chasseurs, les régiments de cavalerie, la brigade d'artillerie, le bataillon de pionniers et le bataillon du train de chaque corps d'armée se recrutent sur tout le district de ce corps.

Deux districts de régiment de landwehr forment généralement un district de brigade. Chaque district de régiment de landwehr se divise en deux districts de bataillon, chacun desquels fournit, en cas de mobilisation, un bataillon complet de garnison (landwehr), sans préjudice des autres formations.

Un district de bataillon de landwehr renferme de 3 à 6 (exceptionnellement jusqu'à 12) districts de compagnie. Mais cela ne veut pas dire qu'en cas de mobilisation les bataillons de landwehr puissent se composer d'un nombre variable de compagnies, car le bataillon mobilisé de landwehr a, comme le bataillon de ligne, 4 compagnies.

Un rôle tout particulier est assigné au district de bataillon de landwehr de réserve. D'après leurs numéros, ils correspondent aux régiments de fusiliers qui sont recrutés dans leurs districts de corps d'armée; mais ils doivent servir principalement à égaliser les bataillons de garnison, ce qui paraissait d'autant plus nécessaire que l'organisation de la landwehr ne pouvait entrer en activité du jour au lendemain dans les provinces annexées à la Prusse, ainsi que dans les petits Etats de la Confédération du Nord.

Il ne paraîtra donc pas inutile que nous donnions ici les 12 districts de corps d'armée de la Confédération allemande du Nord, en indiquant pour chacun d'eux le territoire du bataillon de landwehr de réserve :

 

1er corps d'armée :

Prusse orientale et une grande partie de la Prusse occidentale. Bataillon de landwehr de réserve de Kœnigsberg, n°33 (cercles de Fischhausen, de Kœnigsberg ville et campagne).

2e corps d'armée :

Poméranie, partie de la Prusse occidentale et de Posen. Bataillon de landwehr de réserve de Stettin, n°34 (cercles de Randow, d'Usedom-Wollin, ville de Stettin).

3e corps d'armée:

Brandebourg. Bataillon de landwehr de réserve de Berlin, n°35 (ville de Berlin).

4e corps d'armée :

Province de Saxe, Anhalt, Reuss, Schwarzbourg. Bataillon de landwehr de réserve de Magdebourg, n°36 (ville de Magdebourg, cercles de Magdebourg et de Wanzleben).

5e corps d'armée :

Basse Silésie et district de gouvernement de Posen. Bataillon de landwehr de réserve de Glogau, n°37 (cercles de Glogau et de Fraustadt).

 6° corps d'armée :

Moyenne et haute Silésie. Bataillon de landwehr de réserve de Breslau, n°38 (ville de Breslau).

7e corps d'armée :

De la Westphalie, les cercles de gouvernement de Munster et de Minden ; de la province rhénane, le cercle de gouvernement de Dusseldorf, puis la Lippe-Detmold et la Lippe-Schaumbourg. Bataillon de landwehr de réserve de Barmen, n°39 (cercles d'Elberfeld, de Barmen et de Mettmann). 8e corps d'armée:

Hohenzollern et, de la province rhénane, les cercles de gouvernement d'Aix-la-Chapelle, de Cologne, de Coblentz et de Trêves. Bataillon de landweh de réserve de Cologne, n°40 (ville et cercle de Cologne).

9e corps d'armée :

Schleswig-Holstein avec les enclaves d'Oldenbourg, Mecklenbourg-Schwerin et Strelitz, la partie nord-est de la province de Hanovre, les villes hanséatiques, Hambourg, Lubeck et Brème. Bataillon de landwehr de réserve d'Altona, n°86 (cercles de Pinneberg, de Stormarn, de Seegeberg et ville d'Altona).:

La plus grande partie de l'ancien royaume, actuellement province de Hanovre, le grand-duché d'Oldenbourg, le duché de Brunswick. Bataillon de landwehr de réserve de Hanovre, n°73 (cercles de Wenningsen et de Hameln, ville et cercle de Hanovre).

11e corps d'armée :

Le cercle de gouvernement d'Arnsberg dans la Westphalie, l'ancien électorat de Hesse, l'ancien grand-duché de Nassau, l'ancienne ville libre de Francfort, le grand-duché de Saxe-Weimar, les duchés de Saxe-Cobourg-Gotha et de Saxe-Meiningen-Hildbourhausen-Saalfeld, la principauté de Waldeck. Bataillon de landwehr de réserve de Francfort-sur-le-Mein, n°80 (cercles de Francfort, d'Ober-Taunus et de Hanau).

12e corps d'armée:

Royaume de Saxe. Bataillon de landwehr de réserve de Dresde, n°108 (ville de Dresde).

 

Troupes de garnison :

C'est sur la division de l'Allemagne du Nord en districts de landwehr que repose toute la formation de l'armée de garnison.

Les troupes de garnison qui doivent être formées sont :

1° Deux régiments de landwehr de la garde à trois bataillons;

2° Deux régiments de grenadiers de landwehr de la garde à 3 bataillons ;

3° Dans chaque district de bataillon de landwehr provinciale, un bataillon de 4 compagnies;

4° Pour chaque bataillon de chasseurs de la ligne, une compagnie ;

5° Dans chaque district de corps d'armée, deux régiments de cavalerie à 4 escadrons;

6° Par régiment d'artillerie de campagne 3 batteries, comme batteries de sorties dans les places fortes, ou pour un autre emploi si elles deviennent inutiles dans les places fortes;

7° Le nombre et la force des compagnies d'artillerie de places sont doublés ainsi que nous l'avons vu plus haut;

8° Pour chaque bataillon de pionniers on forme 3 compagnies de places fortes qui sont réparties, non pas par compagnie, mais par détachement, en raison de l'importance des places fortes.

 

Les troupes de garnison peuvent aussi, en cas de besoin, être formées en régiments, brigades et divisions, pour constituer, dans une guerre offensive, des réserves stratégiques de l'armée d'opération, fournir des garnisons à l'étranger, et des corps de siège pour attaquer les places fortes ennemies laissées en arrière.

L'effectif complet de guerre des bataillons de landwehr de la garde et de grenadiers de landwehr de la garde est d'environ 800 hommes ;

Celui des bataillons de landwehr provinciaux de 700 hommes à peu près;

Une compagnie de chasseurs de landwehr a environ 250 hommes;

un régiment de cavalerie de landwehr 600 hommes;

Une batterie de sortie compte six bouches à feu.

On forme en outre 8 à 16 compagnies d'artillerie de garnison.

 

L'infanterie de garnison d'un corps d'armée se compose en moyenne de :

17 bataillons à 700 hommes 11.900,

D'une compagnie de chasseurs 250,

Total : 12.150

ou, en nombre ronds, 12.000 hommes, ce qui donne pour 12 corps d'armée 144.000 hommes.

La cavalerie de garnison d'un corps d'armée est d'environ 1.200 combattants, ce qui fait pour 12 corps d'armée 14.400 hommes.

 

Les batteries de sorties d'un corps, d'armée donnent 18 pièces, ainsi pour les 12 corps 216 bouches à feu.

À l'infanterie de garnison s'ajoutent encore les 12 bataillons de landwehr de la garde, avec 9.600 hommes.

L'armée de garnison est donc forte d'environ 168.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 216 bouches à feu.

 

Grand-duché de Hesse-Darmstadt :

La position particulière qu'avait vis-à-vis de la Confédération du Nord le grand-duché de Hesse-Darmstadt, avec un pied dans l'Allemagne du Nord et l'autre dans l'Allemagne du Sud, provoqua aussitôt le traité du 7 avril 1867, d'après lequel toutes les troupes hessoises formaient une division particulière, avec le n°25, et étaient incorporées dans le 11e corps de l'armée allemande du Nord.

 

La division de la Hesse-Darmstadt, 25e division allemande, apporte à l'armée d'opération :

4 régiments d'infanterie à 2 bataillons,

2 bataillons de chasseurs,

2 régiments de cavalerie à 5 escadrons,

2 divisions d'artillerie formant ensemble 6 batteries (2 batteries à pied de 6, et 4 batteries de 4 dont 3 à pied, 1 à cheval),

1 compagnie de pionniers et 1 division du train,

Cela fait en troupes de campagne 10 bataillons et 8 escadrons, ou 11.200 hommes d'infanterie et de cavalerie avec 36 bouches à feu.

Les troupes de dépôt consistent en 4 bataillons d'infanterie, 2 compagnies de chasseurs, 2 batteries avec 8 canons, 1 division de pionniers et 1 détachement du train, et en outre les cinquièmes escadrons des deux régiments de cavalerie ; ce qui donne en deuxième ligne 4.800 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 8 pièces de canon.

En troupes de garnison, la Hesse-Darmstadt a 6 bataillons de landwehr. Le pays est partagé en 4 districts de régiment dont deux ne fournissent qu'un bataillon chacun. Conformément à ce qui a lieu en Prusse, il se joint à ces bataillons 2 compagnies de chasseurs et 1 régiment de cavalerie, ainsi qu'une batterie de sorties de 6 pièces; ce qui fait 5.100 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 6 bouches à feu.

 

Bavière, Wurtemberg et Bade :

Les trois Etats allemands du Sud, Bavière, Wurtemberg et Bade, s'accordèrent en février 1867 pour prendre le système prussien comme base de l'organisation de leur armée. Bade avait adopté ce système depuis longtemps ainsi que le fusil à aiguille. Cette arme fut bientôt introduite dans le Wurtemberg pour l'armement de l'infanterie ; la Bavière au contraire suivit sa propre voie en transformant le fusil Podewill en une arme imparfaite se chargeant par la culasse, puis en adoptant une arme nouvelle en 1869, le fusil Werder. La fabrication du nombre nécessaire de fusils Werder n'était pas encore terminée lorsque éclata la guerre de 1870. Les Bavarois s'éloignent encore des Prussiens dans l'uniforme de leurs troupes et leur règlement d'exercice, mais leur formation générale est imitée du système prussien.

 

L'armée bavaroise compte en troupes de campagne :

16 régiments d'infanterie à 3 bataillons,

10 bataillons de chasseurs,

10 régiments de cavalerie à 5 escadrons (4 de guerre), savoir : 2 régiments de cuirassiers,

6 régiments de de chevau-légers et

2 régiments de de uhlans,

4 régiments d'artillerie à 8 batteries de campagne et 5 batteries de places ; le 2e et le 3e régiment ont chacun deux batteries à cheval parmi leurs batteries de campagne.

1 régiment du génie, avec 2 divisions de campagne à 3 compagnies, et 4 compagnies de places.

Les 58 bataillons d'infanterie et de chasseurs donnent 58.000 hommes ; les 40 escadrons mobilisés 6.000 hommes ; ce qui fait 64.000 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 192 bouches à feu.

Les troupes de dépôt consistent, d'après le système prussien, en 16 bataillons d'infanterie, 10 compagnies de chasseurs, ou 18.500 hommes ; 10 escadrons ou 1.500 chevaux ; 8 batteries et 2 compagnies du génie; c'est-à-dire 20.000 d'infanterie et de cavalerie, avec 48 canons.

Les troupes de garnison se composent de 32 bataillons de landwehr, 22.400 hommes, auxquels s'ajoutent les compagnies d'artillerie et du génie de places ci-dessus mentionnées.

 

Le corps wurtembergeois a, en troupes de campagne :

8 régiments d'infanterie à 2 bataillons et 3 bataillons de chasseurs,

4 régiments de cavalerie à 4 escadrons,

1 régiment d'artillerie de campagne à 3 divisions, chacune de 3 batteries, 2 compagnies de pionniers,

ce qui fait en tout 21.400 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 54 touches à feu.

En troupes de dépôt :

4 bataillons d'infanterie,

1 bataillon de chasseurs,

4 escadrons,

3 batteries de dépôt à 4 pièces,

ou 5.200 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 12 pièces de canon ;

En troupes de garnison (au commencement de 1870), 6 bataillons de landwehr, 4.200 hommes, et une division d'artillerie de places avec 4 compagnies.

 

Le corps badois a, en troupes de campagne :

6 régiments d'infanterie à 3 bataillons,

3 régiments de dragons à 5 (4) escadrons,

1 régiment d'artillerie de campagne de 9 batteries,

1 division de pionniers et 1 division du train,

ce qui fait 19.800 hommes d'infanterie et de cavalerie, avec 54 pièces de canon;

En troupes de dépôt:

3 bataillons,

3 escadrons et une batterie,

ou 3.450 hommes d'infanterie et de cavalerie et 6 pièces de canon ;

En troupes de garnison :

10 bataillons et un escadron de landwehr, plus une division d'artillerie de places de 5 compagnies,

ce qui fait environ 7.000 hommes d'infanterie et de cavalerie avec 6 pièces de campagne (pour les sorties).

 


19/09/2017
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SOLDATS 1870 1e PARTIE

Cantinière des Zouaves de la garde, Chasseur d’Afrique, Chasseur de la garde Chasseur des Alpes de l’Armée des Vosges, Chef du bataillon du Corps-franc des Vosges

 

Chasseur du Mont-Blanc, Capitaine de l’Armée des Vosges, Guide de la garde, Médecin-Major de la garde nationale, Officier d’artillerie de la garde mobile.

Officier de Hussards de marche, Officier de grenadier de la garde, Officier du Hussard  de marche, Sous-lieutenant de la garde mobile, Capitaine du Corps-francs des Vosges.    

Officier de la Légion fraco-américaine, Officier de Spahis, Officier tirailleur, Officier d’infanterie de la Marine, Sergent-Fourrier de la garde.

Sous-officier des chasseurs d’Afrique, Commandant du corps-francs des Vosges, Trois capitaines Du Corps-francs des Vosges.

Officiers de franc-tireurs, Officier de chasseur à cheval, Deux franc-tireurs Garde-mobile.

Officier de la garde mobile, Officier de la garde nationale, Officier de Marine, Marin, franc-tireur.

Franc-tireur des Landes, Capitaine d’infanterie, Officier de Marine, Zouave pontificale Chasseur à cheval.

Tambour-major des Zouaves de la garde impériale Tambour-major de la garde de Paris.

 

Types de coiffures des combattants français de la guerre de 1870-1871

 

Uniforme du fantassin :

 

Képi à turban et calot garance et à bandeau foncé orné du numéro du régiment en drap garance découpé. Passepoils bleu foncé sur les coutures et le turban. Jugulaire noire fixé à l’intérieur du képi. La coiffure prévue au départ était le shako, mais fin juillet début août les hommes commencent à les abandonner le long des routes au profit des képis. Cela dit, il ne fait aucun doute, en revanche, que des unités ont combattu avec le shako à Spicheren par exemple, de nombreuses plaques retrouvées sur le champ de bataille en témoignent. Les officiers et les sous-officiers portaient la tunique mais les hommes la capote. Elle est confectionniée en drap gris fer bleuté, croissant sur la poitrine, et fermant par six gros boutons de laiton portant, comme les autres, le numéro du corps. Le fantassin français doit la porter en pleine été. Le collet sans passepoil est orné de chaque côté de pattes de drap garance découpées en accolade. Cravate bleue ciel. Epaulette de laine écarlate maintenues par des brides de la couleur du fond et un petit bouton près du col. Dans le dos, deux martingales servent à ajuster la capote à la taille de l’homme et sur le côté gauche une patte soutient le ceinturon. Pantalon en drap garance symbole du fantassin français sans passepoil tenu par des bretelles et enfoncé dans de hauttes guêtres de toile blanche. Equipements en cuir noir à plaque et coulants de cuivre. La poche à cartouches peut être en forte toile ou en cuir noir. Sac de cuir fauve, couverture roulée dans la toile de tente, mâts et piques de tente, gamelle individuelle, bidon, quart et musette de toile blanche complètent le paquetage. Fusil modèle 1866, chassepot, avec son sabre-baïonnette à poignée en cuivre, la croisette en acier et le fourreau en fer.

 

Uniforme de l’officier :

Képi modèle 1858 à turban garance et à bandeau très foncé ou noir remplace le shako modèle 1867. Tresses plates en or formant un noeud hongrois sur le calot et descendant le long des coutures du turban. Fausse jugulaire tenue par deux petits boutons au-dessus de la visière et deux tresses sur le turban pour indiquer le grade, le tout en or. Tunique modèle 1867 à col et passepoils jonquille et boutons or. Les épaulettes ne sont pas portées; il ne subsiste que les brides. Elles sont bleu foncé doublées de jonquille; cette doublure dépassant légèrement de chaque côté forme passepoil. Les insignes de grade sont reportés sur les manches comme dans la marine. La nouvelle tunique en drap noir est inconfortable par temps de grosse chaleur car elle doit se porter croisée sur deux rangées de 7 boutons dorés et on ne peut la laisser ouverte, comme avec l’ancienne, sans faire débraillé. La manteau ou caban modèle 1861 n’a pas encore été remplacée par la nouvelle capote d’officier est porté en sautoir, la doublure garance en dehors. Sur le ceinturon de cuir verni noir, un pistolet du commerce, acheté juste avant le départ, dans un étui de toile ou de cuir. Et, généralement porté en sautoir, une petite sacoche de cuir noir. Pantalon garance semblable à celui de la troupe, mais en drap fin. Il va rapidement se porter dans des guêtres de chasse, voire des guêtres de troupe ou enfoncé dans des bottes, ou tout simplement retroussé. Sabre d’officier inférieur modèle 1855 à lame très légèrement cambrée. Poignée en corne de buffle à garde en laiton doré avec dragonne de petite tenue en soie noire.

 

 

Les régiments de marche

L’essentiel de l’armée régulière, c’est à dire les meilleurs éléments, étant prisonnier en Allemagne suite aux défaites de Metz et Sedan, Gambetta recrée une armée avec ce qui reste de disponible. Les régiments de marche sont formés avec les débris des armées vaincues, les conscrits inexpérimentés, les réservistes indisciplinés et les volontaires.

Tableau sur la bataille de Champigny d’Edouard Detaille

 

L’uniforme est le même que durant la période impériale sauf :

L’absence d’épaulettes.

Un M pour régiment de marche était porté quelques fois sur le képi.

La couleur du manteau plus sombre que celle réglementaire.

Les guêtres noires.

Le manque de boutons aux poignets.

Le manque de distinctives au col.

Les officiers portaient le même uniforme mais nombreux ceux qui adoptèrent  les capotes des soldats ordinaires car elles étaient plus pratiques et moins voyantes. 

À la fin de l’empire, il ne reste que 6 régiments réguliers de ligne venant d’Afrique et d’Italie Ils portaient vraisemblablement le même uniforme. C’était le 16e, 35e, 38e, 39e, 42e ,  92e.

 

Les secondes lignes ou gardes mobiles.

Les gardes mobiles étaient dotés du même équipement que l infanterie de ligne en théorie à l’exception du pantalon et de l’armement. Le pantalon est bleu foncé ou gris foncé avec un passepoil écarlate sur les côtés. Le képi simplifié de 1868 se porte sans le pompon ou la cocarde. Les gardes mobiles étaient souvent armés de fusil à tabatière.

 

Mobile de la Seine

Les 18 bataillons 75e Régiment parisien étaient  particulièrement bien équipés selon les réglements de mai 1868, bien qu’une distribution partielle de capote d’infanterie sans boutons conduisit à utiliser de curieux expédients. Les unités moins favorisées  des gardes mobiles provinciales étaient habillées indifféremment par les marchands de la région. Ils étaient armés du Chassepot.

 

Le garde mobile qui est un clairon est au centre du tableau La bataille de Coulmiers

 

Les volontaires de l’ouest ou ex-zouaves pontificaux

Les officiers comme les simples soldats portaient l’uniforme de même style que celui des zouaves de 1860 au service du Pape, mais les premiers dans un ton plus clair et plus bleu.

 

Les volontaires italiens ou Garibaldiens ou chemises rouges de l’armée des Vosges

Les célèbres uniformes rouges des révolutionnaires datant de dix anx plus tôt avaient été conservés par les volontaires italiens combattant pour la France. De nombreux  officiers utilisaient des brandebourgs. Ici en compagnie d’un franc-tireur.

 

L’armée auxiliaire française ou francs-tireurs

Ces minuscules unités irrégulières qu’elles aient été officiellement reconnues ou non par les autorités françaises devaient s’équiper et s’armer à leurs frais. En général, ils adoptaient une tenue qui ressemblait ou imitait celle des troupes régulières.

 

Francs-tireurs de la Presse

 

Vengeurs de la mort ornés de petits ossements en ferblanterie sur la poitrine

Uniforme de du 7e régiment de dragons: Casque en cuivre jaune au bandeau de vache marine (en fait, du tissu peint tout simplement) de couleur fauve mouchetée de noir sensée imiter la peau du tigre; houppette et crinière en crin noir. La visière est doublée en dessous d’une basane verte collée. Les deux jugulaires sont formées chacune de quatorze anneaux de laiton, montés sur une âme de fort cuir verni noir. Le plumet rouge n’est pas porté en campagne. Habit vert clair (là aussi, vert très foncé, mais d’une nuance plus chaude que celle des chasseur) à distinctive jonquille. Les épaulettes sont entièrement en laine écarlate doublées du même drap de fond. Chevron d’ancienneté écarlate sur le seul bras gauche. Boutons jaunes estampés au numéro du régiment. Le pantalon de cheval est de drap garance avec un passepoil en drap vert comme l’habit, sur les coutures extérieures. Manteau blanc piqu’ de bleu commun à la cavalerie. Sabre des carabiniers du modèle de 1854 avec dragonne de buffle blanc et fourreau en tôle d’acier. Les dragons comme la cavalerie légère sont armés de la carabine modèle Chassepot. Uniforme du 12e régiment: Identique au personnage précédent, sauf la tunique et le pantalon. Du modèle de 1868, elle est en drao bleu foncé à distinctives blanches. Couleur que l’on retrouve au col, aux brides d’épaulettes, aux passepoils des devants, des parements, à la patte de parement et aux basques. Le pantalon de cheval, semblable au précédent, comporte un passepoil bleu foncé.

 

Uniforme de lancier: Lancier Kurtka traditionnel avec la nouvelle tunique bleue foncée à distinctive jonquille qui remplace le plastron réversible en 1868 même si celui-ci est encore porté pendant le conflit et le czapska de modèle 1858, qui est le même que celui de la Garde avec toile cirée noire de protection. Les différents régiments sont identifiés par la couleur du col, le passepoil du pantalon et des retroucis. Les 8 régiments ont pour couleur repectifs: 1er (jonquille, bleu, jonquille); 2e (jonquille); 3e (bleu, bleu, jonquille).

 

Les hussards

 


19/09/2017
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ARMÉE FRANÇAISE 2e PARTIE

Commandement :

Aux termes de la Constitution, l'Empereur était le chef de l'armée.

Il en avait le commandement suprême, en choisissait les généraux, et se mettait à sa tête, s'il le jugeait convenable, quand elle entrait en campagne.

Mais, du moins dans le temps de paix, ce commandement ne s'était jamais exercé d'une manière effective.

Le ministre de la guerre, de son coté, n'était pas en droit de revendiquer à son profit ce rôle de chef suprême, nominalement. attribué au souverain.

Il dirigeait l'armée, exerçait sur son personnel, son organisation, son instruction, son matériel, sa discipline et son administration une action prépondérante, mais ne pouvait en prendre le commandement.

 

Quant à l'exercice même du commandement, il était assuré par l'existence, auprès des généraux, d'un corps spécial d'état-major, créé en 1819 par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, et fournissant à la fois les aides de camp et les états-majors proprement dits. Aucun règlement ne fixait les attributions ou les fonctions de l'état-major, en sorte que le service y était uniquement dirigé par les habitudes de chacun, quelques traditions et surtout la routine, qui excluait de parti pris le corps d'état-major de toute participation à la préparation de la guerre, exclusivement réservée aux bureaux du ministère.

 

La répartition des troupes sur le territoire ne répondait malheureusement pas aux exigences d'une mobilisation rapide ni à une conception logique de la sécurité nationale.

La France était, depuis 1888 partagée en sept grands commandements, confiés à des maréchaux ou à des généraux ayant commandé en chef, et dont les chefs-lieux étaient placés respectivement à Paris, Lille, Nancy, Lyon, Toulouse, Tours et Alger.

Mais cette institution, dictée par des considérations plutôt politiques que militaires, assurait peut-être, comme le disait le décret impérial de 1888, l'action des sommités militaires et la cohésion des forces divisionnaires, sans toutefois qu'il y eût aucun rapport entre ces dernières et les grandes unités de combat.

Chacune de ces grandes circonscriptions, improprement appelées corps d'armée , comprenait un nombre variable de divisions militaires dont le chef exerçait son commandement, purement territorial, sur les troupes qui y étaient stationnées.

Enfin, chaque division était elle-mème partagée en autant de subdivisions qu'ette contenait de départements, les subdivisions ayant à leur tête un général de brigade.

 

Au mois de juillet 1870 l'armée française était composée de la façon suivante :

Infanterie :

Les pompiers et la garde de Paris étaient employés à l'intérieur; le régiment étranger, les zéphyrs et les disciplinaires demeuraient ordinairement en Afrique.

Restaient disponibles pour une guerre européenne : 365 bataillons avec 2201 compagnies de guerre.

Chaque compagnie, commandée par trois officiers (4 pour les turcos), pouvait être portée à 150 hommes au maximum.

L'infanterie possédait ainsi des cadres pour 330,000 hommes.

 

En temps de paix, les bataillons étaient à 8 compagnies chacun : mais, en temps de guerre, ils ne comprenaient que 6 compagnies, les deux autres servant à constituer un 4e bataillon de 4 compagnies, et un dépôt de 2 compagnies.

1e bataillon

2e bataillon

3e bataillon

4e bataillon

dépôt

6 compagnies      6 compagnies      6 compagnies      4 compagnies      2 compagnies

2 compagnies      2 compagnies      2 compagnies      .                             .

 

Ces 4e bataillons, groupés en régiments de marche, formèrent le noyau des armées de Chalons, de Paris et de province.

L'effectif d'une compagnie, légalement fixé à 112 hommes, ne dépassait guère 55 en réalité.

 

Chaque homme portait sur lui 90 cartouches, réparties en 10 paquets en outre, chaque bataillon avait avec lui, le suivant partout, une voiture légère chargée d'environ 12000 cartouches.

Cette profusion de munitions a parfois amené du gaspillage; elle a cependant, dans certains cas, permis à l'héroïsme de nos soldats de se manifester par des résistances admirables.

Mais ceux-ci souffraient d'un inconvénient grave; ils étaient trop chargés. La petite tente-abri, souvenir des guerres d'Afrique, très précieuse dans les camps et la guerre de siège, mais affreusement pesante quand elle est tant soit peu mouillée, augmentait dans des proportions sensibles la charge du soldat, obligé de porter sa maison sur son dos.

Avec tous les accessoires qu'elle comporte, cette charge atteignait le chiffre énorme de 30 kilogrammes, en sorte que, dès qu'il était appelé à combattre, l'homme n'avait rien de plus pressé que de se débarrasser de son sac, afin de conserver, avec l'agilité nécessaire, tous ses moyens d'action.

Cette habitude était devenue si générale, qu'au moment d'entrer en ligne, les officiers donnaient d'eux-mêmes l'ordre de déposer les sacs, en ordre et par tas de quatre qui se soutenaient réciproquement.

Il fallait alors préposer à leur garde quelques sentinelles qui diminuaient d'autant l'effectif; puis, en cas d'insuccès, et c'était là le plus grave, il fallait les abandonner. Et alors, plus de tentes, plus de marmites, plus de bidons; partant plus de soupe ni de couvertures. Tout le bénéfice de la tente-abri se trouvait évanoui du coup.

Les Allemands étaient certainement plus pratiques, quand ils cantonnaient leurs troupes et les faisaient nourrir chez l'habitant.

 

Cavalerie :

Il existait, au début de la campagne de 1870, 63 régiments de cavalerie (+ garde de Paris), répartis,comme on disait alors, en cavalerie légère (chasseurs et hussards), cavalerie de ligne (dragons et lanciers) et cavalerie de réserve (cuirassiers et carabiniers).

 

La cavalerie comprenait :

Les régiments de cavalerie légère, ceux de la garde, les chasseurs d'Afrique et les spahis avaient 5 escadrons de guerre ; les autres, 4.

La garde de Paris et la gendarmerie d'élite servaient à l'intérieur; les spahis ne fournissaient hors d'Algérie que quelques détachements.

Restaient disponibles 271 escadrons, soient à 150 hommes par escadron : 40650 cavaliers.

 

La cavalerie, atteinte plus que les autres armes par les réductions budgétaires, n'avait que des effectifs insuffisantset des chevaux médiocres.

Au lieu de 7 officiers,164 hommes et 150 chevaux, chiffres réglementaires, elle ne put, et encore à grand'peine, mobiliser dans chaque escadron que 6 officiers, 120 hommes et105 chevaux.

 

À la déclaration de guerre, les 63 régiments de cavalerie pouvaient mettre en campagne environ 31500 chevaux, en en laissant dans les dépôts à peu près 12,000.

En admettant, comme proportion nécessaire, que la quantité de cavalerie à attacher aux armées doive être environ du cinquième de l'infanterie, on voit que le nombre de chevaux disponibles ne permettait pas d'atteindre ce chiffre.

Les chevaux étaient beaucoup trop chargés. Le harnachement, très compliqué alors, pesait en effet 22 kilos l'habillement, l'armement, le campement et les vivres, 68 kilos le cavalier, 65 kilos en moyenne. Au total, 155 kilos environ, poids avec lequel il est malaisé de parcourir chaque jour, et à toutes les allures, un nombre de kilomètres quelque peu important.

La cavalerie française se trouvait donc, en 1870,dans un état d'infériorité sensible, au triple point devue de l'instruction, de la remonte et du nombre.

 

Artillerie :

Depuis 1867, l'artillerie comprenait :

15 régiments à huit batteries montées,(1) trois batteries à pied et une de dépôt;

1 régiment à six batteries montées;

Soit (15*8) + 6 = 126 batteries montées

et (15*4) = 60 batteries à pied.

 

4 régiments à sept batteries à cheval (2) avec une batterie de dépôt;

1 régiment à six batteries à cheval.

Soit (4*8) + 6 = 38 batteries à cheval.

 

Les batteries montées et à cheval attelaient elles-mêmes leurs pièces, leurs caissons et leurs voitures.

Mais les batteries à pied ainsi que les différents parcs étaient attelés par les soins d'une troupe spéciale, dénommée train d'artillerie, dont il existait, dans la Garde, 1 escadron à 2 compagnies, et dans la ligne, 2 régiments à 12 compagnies chacun.

 

Le nombre total des batteries de combat existant en France (pour l'armée de terre) était donc de 164, dont 38 à cheval, pouvant servir 984 bouches à feu.

Ce nombre était insuffisant, car déjà en 1806, Napoléon évaluait à un millier de bouches à feu attelées la quantité nécessaire à la France. En 1841, le maréchal Soult, alors ministre de la guerre, s'empressa de relever à 1,200 le chiffre des pièces attelées. On admettait à cette époque, comme maximum extrême de la proportion d'artillerie, 2 pièces et demie par mille hommes. Ce total de 984 pièces ne fut pas expédié à l'armée du rhin : sur 164 existantes, 10 étaient restées en Algérie et à Rome. On ne mobilisa donc que 924 pices dont 12 de montagne.

 

En admettant 25 hommes par pièce et 150 par batterie, cela donne environ 24000 artilleurs.

La batterie compte parfois plus, souvent moins de 25 hommes par pièce. En fait 90 et même 80 hommes suffisent à traîner et à servir 6 pièces de canon ;

et sur le champ de bataille 6 pièces servies par 90 hommes produiront plus d'effet que 5 pièces servies par 120 hommes.

C'est donc le nombre des bouches à feu plutôt que celui des hommes, qu'il importe de connaître.

De l'artillerie dépendaient encore : un régiment de pontonniers à 14 compagnies et 2500 hommes ;

10 compagnies d'ouvriers, 6 d'artificiers, 1 d'armuriers, deux régiments du train d'artillerie à 16 compagnies chacun, et un escadron du train de la garde

(1) Les batteries montées transportent leurs servants sur les coffres des caissons.

(2) Les batteries à cheval n'ont que des servants à cheval.

 

Bilan des troupes :

Le génie comprenait :

3 régiments à 2 bataillons de 8 compagnies dont deux de dépôt :

Soient 6 bataillons et 36 compagnies actives ou 5400 hommes.

Plus une compagnie d'ouvriers et deux compagnies de pionniers de discipline. Ces deux compagnies étaient considérées comme de l'infanterie.

 

En résumé, l'armée de campagne au grand complet aurait compris

Infanterie : 330000

Cavalerie : 40650

Génie : 5400

Artillerie : 26500

Total : 402550

Soient 402000 combattants avec 960 canons.

 

À ces troupes s'ajoutait l'infanterie de marine :

4 régiments ou 12 bataillons et 72 compagnies.

Ce qui portait à environ 412000 hommes, au maximum, le nombre de combattants que la France pouvait jeter hors de sa frontière en supposant les effectifs au grand complet.

 

Comme armée de seconde ligne il serait resté, sans parler des troupes de dépôt :

42 batteries à pied (1) : 6000 (1) 3 étaient en Algérie. En outre, une partie des batteries à pied avaient été transformées en batteries de mitrailleuses.

2 bataillons de la garde de Paris : 2000

4 escadrons de la garde de Paris : 600

26 légions de gendarmerie départementale : 23000

 

Plus environ 23000 douaniers et 5000 gardes forestiers qui, en cas de guerre, passaient sous la direction du ministre de la guerre.

Les batteries à pied pouvaient immédiatement garnir les places; la garde de Paris était en état de marcher au premier signal, si on le voulait; mais les autres troupes n'étaient nullement prêtes au service de campagne.

 

En Algérie, il restait :

7 bataillons ou 52 compagnies actives (54) avec les pionniers de discipline ;

3 régiments ou 18 escadrons de spahis ;

3 batteries à pied ;

4 compagnies de gendarmerie ;

Les douaniers et les forestiers.

Soient environ 12 à 13000 hommes dont 8000 fantassins, 3000 cavaliers et 500 artilleurs.

 

La garde mobile devait former 300 à 350 bataillons et 200 batteries.

Mais on n'avait pas encore eu le temps de l'organiser.

Quelques bataillons seulement étaient formés : très peu étaient habillés ; aucun n'était armé.

Au début d'une guerre, la garde mobile ne pouvait rendre aucun service.

 

La garde nationale sédentaire existait seulement dans quelques villes.

Armée de fusils à percussion, recrutée presque exclusivement parmi les classes qui pouvaient se racheter du service militaire, elle n'avait aucune expérience du maniement des armes, et pouvait à peine faire le service intérieur des places.

 

Pour remplir les cadres de son armée, la France, d'après la loi militaire de 1868, avec ses dispositions provisoires, fournissait neuf contingents de 100000 hommes; le service était de cinq ans dans l'armée active et de quatre ans dans la réserve.

6000 hommes, pris sur le contingent, étaient attribués au service de la marine : restaient 94000 hommes.

Neuf contingents de 94000 hommes, défalcation faite des pertes quotidiennes (morts, déserteurs, condamnés, etc.), devaient donner plus de 660000 hommes.

En y ajoutant les officiers, les engagés volontaires, les étrangers, les Algériens, on aurait dû arriver au total de 700000 hommes.

 

Mais la loi sur le remplacement militaire, et sur la caisse de la dotation de l'armée, avait établi qu'en payant à l'état une somme fixée par le ministre de la guerre - 2500 francs en temps ordinaire - on était absolument exempt de tout service.

L'état, en échange de la somme versée, se chargeait d'enrôler un remplaçant choisi parmi les soldats qui avaient achevé leur temps de service, et qui consentaient à se rengager, moyennant certains avantages pécuniaires.

Mais par suite de l'accroissement de l'aisance générale, le nombre des rachats augmentait chaque année, et l'attraction des carrières civiles, mieux rétribuées, diminuait le nombre des rengagements.

De là un déficit, de plus en plus grand sur les contingents, déficit qui, lorsque fut modifiée la loi sur le remplacement, se chiffrait par une quarantaine de mille hommes pour les 7 contingents qui, avant 1868, composaient l'armée française.

 

Les cadres de l'armée active, de l'artillerie à pied et des troupes cantonnées en Algérie pouvaient contenir 402000 + 12000 + 6000 ou 420000 des 660000 hommes qui restaient à la disposition de l'État.

 

Le service des remontes et du recrutement, des hôpitaux et des prisons militaires, les gardes d'artillerie et du génie, les ouvriers, artificiers, armuriers, etc., les compagnies hors rang, le train d'artillerie, les équipages militaires, les musiciens, les cadres des dépôts, l'intendance, les administrations, les hommes en punition absorbaient 90000 hommes.

Il y avait toujours au moins 50000 hommes dans les hôpitaux ou en congé de convalescence : restaient environ 100000 hommes à verser dans les dépôts (660000 - 420000 - 90000 - 50000).

 

Mais, gràce à la coutume de ne faire partir qu'à la fin de l'année dans laquelle ils ont tiré au sort les conscrits du dernier contingent, toute une classe, c'est-à-dire plus de 90000 hommes, n'avait pas encore été incorporée au mois de juillet et ne possédait aucune instruction militaire.

En portant au chiffre de 420000 hommes l'armée d'opération, les garnisons de l'Algérie et l'artillerie des forteresses, on aurait laissé les dépôts absolument vides.

 

On n'avait pas encore adopté le système de recrutement, dit régional, pour la réserve.

Les conscrits étaient, autant que possible, dispersés dans tous les corps, et les hommes de la réserve devaient aller rejoindre les régiments où ils avaient servi.

On vit des Alsaciens obligés d'aller chercher en Afrique le dépôt de leur régiment, alors que leur régiment arrivait sur le Rhin.

De là l'immense désordre qui signala le début de la guerre et la faiblesse des corps portés hâtivement sur la frontière.

 


19/09/2017
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SUITE DE L'HISTORIQUE

Les ratés de la Défense nationale

L'organisation de la Défense nationale connut des ratés. Gambetta, en tant que ministre de la Guerre, décida de créer onze camps régionaux (Les Alpines, Bordeaux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Conlie, Montpellier, Nevers, La Rochelle, Saint-Ouen, Sathonay et Toulouse) où les nouvelles recrues reçurent une formation avant de combattre. Le général de Kératry avait constitué une armée de Bretagne forte de 60 000 volontaires bretons qui furent rassemblés au camp de Conlie à 24 km du Mans. En raison de leur nombre, les hommes étaient répartis au hasard des routes voisines du camp. Ils attendirent en vain des carabines américaines qui étaient bloquées, faute d'en avoir payé les droits de douane, à Brest.

Gambetta, craignant une renaissance de la chouannerie royaliste, regarda avec méfiance cette armée. Son hébergement, son ravitaillement et son équipement furent négligés. Elle fut décimée par la dysenterie. Une partie de ces volontaires bretons fut incorporée à la IIe armée de la Loire et participa à la bataille du Mans, dernière défaite avant l'Armistice.

Le 8 décembre 1870, la Délégation du Gouvernement de la Défense nationale de Tours fut transférée à Bordeaux.

 

L'impossible guerre navale

À la déclaration de guerre, un blocus de l'Allemagne par ses côtes maritimes fut décidé à Paris. La flotte prussienne ne pouvait s'y opposer, mais la marine française n'étant pas opérationnelle (manque de charbon, réservistes qui devraient servir sur les 470 navires français difficiles à mobiliser), le blocus de Wilhelmshaven s’avéra inefficace. À partir de septembre 1870, la mer devenant trop impraticable, la flotte française regagna les ports de la Manche et n'en sortit plus.

Le Bouvet éperonne le Météor.

 

Un débarquement sur la côte de la Baltique fut envisagé, cette diversion avait pour but de soulager la pression sur l'Alsace et la Lorraine, mais aussi, d'amener le Danemark à déclarer la guerre à la Prusse. Mais l'idée s’avéra impossible à mettre en œuvre, les défenses côtières allemandes (canons Krupp à longue portée), et la géographie de la mer des Wadden n'avaient pas été correctement évaluées.

Les troupes de Marine furent redéployées au camp de Châlons et participèrent à la bataille de Sedan. Une grande partie de l'armée étant prisonnière à Metz, la Marine fournit les officiers et sous-officiers qui encadrèrent les Gardes mobiles et les forts de Paris.

Les seuls combats navals se résumèrent au combat entre le Météor et le Bouvet devant La Havane en novembre 1870, au blocus du Herta par le Dupleix en rade de Nagasaki, au forçage du blocus de Wilhelmshaven par la corvette Augusta, à la capture de trois navires marchands au large de Brest, de Rochefort et à l'embouchure de la Gironde, et à une poursuite menée par la frégate L'Héroïne qui s'achèvera par le refuge d'un navire dans le port espagnol de Vigo.

 

Une victoire sans appel de l'Allemagne

Carte postale de Saint-Quentin occupé. Les Prussiens sur la Grand'Place en 1871.

 

Ce qui restait des armées françaises tenta de résister et parvint à faire reculer l'ennemi, notamment sur la Loire et dans le Nord, mais, très affaiblies, elles durent battre en retraite sur tous les fronts en janvier 1871. L'armée de la Loire, commandée par Chanzy, fut vaincue au Mans, l'armée de l'Est, commandée par Bourbaki, fut vaincue à Héricourt, l'armée du Nord, commandée par Faidherbe, fut vaincue à Saint-Quentin et les Parisiens le furent à Buzenval. Seule Belfort, assiégée, tenait bon.

 

La fin des combats

Le 20 janvier 1871, le gouvernement de la Défense nationale se résolut à demander l'armistice, dont il avait une première fois repoussé les conditions en septembre lors de l'entrevue de Ferrières.

Le manque de vivres, le bombardement quotidien et la succession des échecs militaires provoquèrent une agitation croissante de la population parisienne qui fit craindre au gouvernement provisoire une prochaine révolte. Il décida donc de cesser le combat au plus vite.

Le 22 janvier, des Parisiens excédés par la faim et les bombardements réclamèrent l'élection d'une commune, une fusillade éclata entre manifestants et gardes nationaux faisant cinq morts et une vingtaine de blessés.

Pressé d'en finir, le gouvernement adressa secrètement, le lendemain, une demande de négociation à Bismarck. Le 26 janvier un armistice était signé et aussitôt appliqué. Le 28 janvier 1871 furent signées les conventions militaires.

Signé le 26 janvier 1871 l'armistice ne concernait pas les opérations militaires dans l'Est de la France car les négociations sur le futur tracé de la frontière franco-allemande n’avaient pas encore abouti. L'armistice général intervint le 15 février 1871. L'ordre fut alors donné à la place fortifiée de Belfort de se rendre, ce qu'elle fit, le 18 février, l'ennemi lui rendant les honneurs de la guerre.

 

Principales batailles

Bataille de Wissembourg (4 août 1870)

Bataille de Frœschwiller-Wœrth ou bataille de Reichshoffen (6 août 1870)

Bataille de Forbach-Spicheren (6 août 1870)

Bataille de Borny (14 août 1870)

Bataille de Mars-la-Tour (16 août 1870)

Bataille de Saint-Privat ou bataille de Gravelotte (18 août 1870)

Bataille de Bazeilles (31 août–1er septembre 1870)

Bataille de Nompatelize (2 septembre 1870)

Bataille de Sedan (1er-3 septembre)

Siège de Strasbourg (23 août–28 septembre 1870)

Dépêche annonçant l'armistice. À Bordeaux, le 29 janvier 1871 et pour copie conforme le sous-préfet à Largentière.

 

Bataille de Châteaudun (18 octobre 1870)

Première bataille de Dijon (30 octobre 1870)

Bataille d'Orléans, première période (11 octobre–5 novembre 1870)

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

Bataille d'Amiens (1870) ou bataille de Villers-Bretonneux (27 novembre 1870)

Bataille de Loigny (2 décembre 1870)

Bataille d'Orléans, seconde période (2–4 décembre 1870)

Deuxième bataille de Dijon (18 décembre 1870)

Bataille de l'Hallue ou bataille de Pont-Noyelles (23–24 décembre 1870)

Bataille de Bapaume (1871) (3 janvier 1871)

Siège de Péronne (1871) (27 décembre–10 janvier 1871)

Bataille de Villersexel (8–9 janvier 1871)

Bataille du Mans (11–12 janvier 1871)

Troisième bataille de Dijon (14 janvier 1871)

Bataille de la Lizaine ou bataille d'Héricourt (14–18 janvier 1871)

Bataille de Saint-Quentin (1871) (19 janvier 1871)

Siège de Paris (17 septembre 1870–26 janvier 1871) et chronologie du siège

Siège de Belfort (3 novembre 1870–18 février 1871)

 

Les pertes humaines

Le conflit fait 139 000 morts dans les rangs français et 51 000 morts côté allemand.

L’armée allemande eut des pertes très lourdes pendant cette campagne. Bien que victorieuse dans la quasi-totalité des combats, elle y perdit souvent plus de soldats que la France. La victoire prussienne de la bataille de Saint-Privat où les Allemands eurent 20 000 tués, blessés et disparus contre 12 000 Français, est bien représentative. De plus les Allemands progressaient à travers un pays résolument hostile : l’action des francs-tireurs fut très forte et entraîna une psychose dans l’armée allemande.

Elle coûta à la France 138 871 morts ou blessés (au combat ou de maladie).

La variole a ravagé les deux armées. Cependant, les Prussiens, qui connaissaient l'efficacité du rappel antivariolique, ont eu nettement moins de pertes dues à cette maladie. En effet, sur 8 500 Prussiens contaminés, 450 en sont morts (5 %), alors que les Français qui ne connaissaient pas la nécessité du rappel du vaccin ont eu 125 000 contaminations et 23 500 décès (19 %).

 

Les traités de paix

 

Traité préliminaire de paix du 26 février 1871

Traité de Francfort  du 10 mai 1871

 

Conformément aux clauses de l'armistice, une Assemblée nationale est élue au suffrage universel le 8 février. Cette Assemblée est majoritairement monarchiste et favorable à la paix. Elle investit le 19 février un gouvernement dirigé par Adolphe Thiers.

Le traité de paix préliminaire franco-allemand est signé à Versailles le 26 février et ratifié par l'Assemblée nationale le 1er mars par 546 voix contre 170 et 23 abstentions.

Il est confirmé par le traité de Francfort du 10 mai 1871.

La France dut céder à l'Allemagne, l'Alsace, française depuis les traités de Westphalie (1648) et Ryswick (1697), les territoires annexés par Louis XIV dont Strasbourg en 1681, ainsi que Metz, française depuis le siège de 1552, soit tout ou partie de cinq départements de l'Alsace et de la Lorraine :

Le Haut-Rhin sauf le Territoire de Belfort ; Le Bas-Rhin ; Une très grande partie du département de la Moselle ; Une grande partie du département de la Meurthe ; Une toute petite partie du département des Vosges, qui constituèrent jusqu'en 1919 la province allemande d'Alsace-Lorraine.

Elle dut également payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or. Les troupes allemandes occupèrent une partie de la France, jusqu'à ce que le total du tribut soit versé en septembre 1873.

L'annexion devait concerner la Moselle et l'Alsace dont le Territoire de Belfort, mais étant donné la bravoure des troupes françaises du colonel Denfert-Rochereau lors du siège de Belfort, ce territoire resta à la France en contrepartie d'autres territoires lorrains, notamment les villages correspondant au champ de bataille de Saint-Privat :  le tombeau de ma garde disait Guillaume Ier de Prusse.

 

Conséquences de la guerre

La chute du Second Empire

La capitulation de Sedan provoqua deux jours plus tard, le 4 septembre 1870 à Paris, une révolution sans violence. La déchéance de l’Empereur Napoléon III fut votée par le Corps législatif et Léon Gambetta proclama la République à l'hôtel de ville. Un Gouvernement de la Défense nationale se forma pour continuer la guerre.

Au niveau colonial, la France qui était déjà présente en Cochinchine, en Asie, doit cesser toute expansion en Indochine jusqu'aux années 1880, où les conquêtes coloniales vont reprendre. En Afrique, l'expansion des conquêtes coloniales autour du Sénégal sont aussi ralenties, tout comme la pénétration du Sahara au sud de l'Algérie.

 

L'achèvement de l'unité italienne

La guerre franco-prussienne eut pour conséquence indirecte l'achèvement de l'unité italienne. Pendant le Second Empire, les troupes françaises protégeaient la ville de Rome qui restait ainsi sous la souveraineté pontificale. En 1870, après l'évacuation des troupes françaises du fait de la guerre avec la Prusse, Rome fut annexée (le 20 septembre 1870) par l'Italie et devint la capitale du pays. Le pape n'exerce plus, dès lors, sa souveraineté temporelle que sur la Cité du Vatican.

 

L'unité allemande

Proclamation de l'Empire allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871 (peinture d'Anton Von Werner, 1885).

 

La guerre unit tous les territoires allemands sous la couronne prussienne. Le roi de Prusse fut proclamé empereur, le 18 janvier 1871, dans la galerie des Glaces du château de Versailles. La politique de Bismarck avait triomphé.

L'Allemagne décida, en outre, d'annexer l'Alsace-Lorraine (l'Alsace et la Moselle actuelle), qui demeurèrent allemandes jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale.

La conséquence immédiate de la guerre de 1870 fut l'avènement de l'Empire allemand l'Allemagne bismarckienne et donc d'un pays unifié en tant que nation et en tant qu’État, qui domina l'Europe continentale pendant près de trente ans devenant progressivement la première puissance industrielle du continent. La politique du chancelier Bismarck fut dès lors d'isoler diplomatiquement la France.

 

L'insurrection de la Commune de Paris

La déception face à la défaite, l’hostilité vis-à-vis de l’Assemblée récemment élue, à majorité monarchiste ainsi que certaines mesures prises par celle-ci ou par le gouvernement renforcèrent un climat d’agitation, à Paris, au sein de la Garde nationale et des milieux populaires. Une insurrection éclata à Montmartre, le 18 mars 1871, alors que des troupes régulières essayaient, sur ordre du gouvernement, de saisir des canons de la Garde nationale. Une autorité insurrectionnelle se mit en place : la Commune de Paris. Avec l'accord tacite des Prussiens, elle fut combattue puis écrasée lors de la Semaine sanglante (21–28 mai) par le gouvernement investi par l'Assemblée nationale, qui était replié à Versailles depuis le 18 mars.

 

Une volonté de revanche ?

L'avènement d'un régime républicain en France suscita la méfiance des monarchies européennes. Isolée en Europe, la France s'employa à constituer un vaste empire colonial, gage de sa puissance mais elle fut malgré tout en proie au sentiment douloureux d'une revanche à prendre, terreau d'un nationalisme qui perdura une vingtaine d'années. Toutefois, ce sentiment perdit progressivement de sa force et se réduisit ensuite à une nostalgie des provinces perdues jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Cependant, à partir de la crise boulangiste, un nationalisme revanchard se développa, dans une partie de la presse et l'opinion française, renforcé par l'affaire Dreyfus. Il se diffusa pendant la Belle Époque et conduisit après l'assassinat de Jean Jaurès, partisan de la paix, le 31 juillet 1914, au ralliement des pacifistes à l'Union sacrée et à la guerre (Première Guerre mondiale).

 

Mémoire de la guerre de 1870

Le traité de Francfort du 10 mai 1871, qui clôtura la guerre franco-prussienne de 1870, stipulait, dans son article 16, que les deux États signataires s'engageaient, sur leur territoire respectif, à entretenir les tombes de soldats morts pendant le conflit.

La loi allemande du 2 février 1872 régla la question des tombes militaires allemandes et françaises dans les trois départements annexés d'Alsace-Lorraine. La loi française du 4 avril 1873, relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la guerre de 1870-1871, réglementa la question des tombes militaires sur le sol français. De 1873 à 1878, l’État français a financé la construction de 25 ossuaires surmontés d'un monument et l'aménagement de 87 396 sépultures réparties dans 1 438 communes et 36 départements.

L'édification de monuments commémoratifs a été, pour une part, l’œuvre du Souvenir français et celle des sections de vétérans. C'est à partir de la loi de 1890, laissant aux communes, l'initiative de leur érection, que l'on vit se multiplier les monuments aux morts de la guerre de 1870-1871, en France.

 

 


19/09/2017
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LA GUERRE FRANCO-ALLEMANDE 1870-1871 1 partie

La guerre franco-allemande, parfois appelée guerre franco-prussienne ou guerre de 1870, est un conflit qui oppose, du 19 juillet 1870 au 28 janvier 1871, la France et une coalition d'États allemands dirigée par la Prusse et comprenant les vingt-et-un autres États membres de la confédération de l'Allemagne du Nord ainsi que le royaume de Bavière, celui de Wurtemberg et le grand-duché de Bade.

Le 19 juillet 1870, l’Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse. Les hostilités prennent fin le 28 janvier 1871 avec la signature d’un armistice.

Ce conflit se solde par la défaite française, et, forts de cette victoire, les États allemands s’unissent en un Empire allemand, proclamé au château de Versailles, le 18 janvier 1871. La victoire entraîne l’annexion par le Reich du territoire d’Alsace-Moselle (dit Alsace-Lorraine) et l’affirmation de la puissance allemande en Europe au détriment de l’Autriche-Hongrie et de la France.

La défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III, provoquèrent, le 4 septembre 1870, la chute du Second Empire, l'exil de Napoléon III et marqua la naissance en France d'un régime républicain pérenne avec la Troisième République.

La défaite et la perte de l'Alsace-Lorraine provoquèrent en France un sentiment de frustration qui contribua à l'échec du pacifisme, et plus tard, à l'entrée du pays dans la Première Guerre mondiale.

Date : Du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871

Lieu : France et Prusse

Casus belli : Dépêche d'Ems

Issue : Victoire allemande. Traité de Francfort : Annexion de l'Alsace-Moselle (dite Alsace-Lorraine) par l'Allemagne. Proclamation de l'Empire allemand. Chute du Second Empire et capture de Napoléon III.

 

                      Belligérants

 Empire français             Confédération de l'Allemagne du Nord

République française      Empire Allemand

                                           Royaume de Prusse

                                           Royaume de Baviaire

                                           Grand-Duché de Bade

                                           Royaume de Wurtemberg

 

                                                        Commandants

Napoléon III puis Louis Jules Trochu              Guillaume Ier

Léon Gambetta                                                 Otto von Bismarck

        

Helmut Von Moltke

                                              Forces en présence

230 000 fantassins                                             462 000 fantassins

25 000 cavaliers                                                 56 000 cavaliers

1 600 000 hommes mobilisés                             1 400 000 hommes mobilisés

 

                                                    Pertes

139 000 morts                                                    51 000 morts

4 474 414 prisonniers

 

Le mouvement des nationalités

La guerre franco-allemande s’inscrivit dans le contexte troublé du XIXe siècle où les aspirations nationales de peuples s’exprimèrent à plusieurs reprises sans toujours aboutir à la création d’un État-nation. La Grèce, la Belgique et l’Italie y parvinrent. Grâce à l’intervention militaire de la France contre l’Autriche, un élan unitaire entraîna la fusion des États italiens avec le royaume de Piémont-Sardaigne, à la suite de plébiscites organisés. Le royaume d’Italie fut proclamé par le parlement réuni à Turin, le 17 mars 1861.

Le projet d'unification allemande prit naissance, quant à lui, avec les Discours à la nation allemande de Johann Gottlieb Fichte qui, en décembre 1807, essaya d'éveiller un sentiment national ayant pour but la création d'un État national allemand, sur les ruines du Saint-Empire romain germanique, libérant les Allemands de l'occupation napoléonienne.

En 1834, fut créée une union douanière, le Zollverein entre la Prusse et une trentaine d’États allemands du Nord qui permit la construction d'un réseau ferré puissant et le décollage économique de l'Allemagne du Nord par le désenclavement de régions industrielles comme la Ruhr ou la Saxe et l'ascension d'une bourgeoisie libérale, initiatrice du mouvement unitaire. Plusieurs tentatives libérales d'union échouèrent, notamment en 1848.

Napoléon III, devenu empereur des Français en 1852, souhaitait un remaniement de la carte de l’Europe. Selon lui, les mouvements nationaux étaient un facteur d’instabilité qu’il fallait canaliser pour permettre l’avènement d’une Europe nouvelle, rééquilibrée, pacifiée par le respect du principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de la souveraineté nationale.

 

Carte de la situation politique de la confédération de l'Allemagne du Nord(en rouge), des États germaniques du Sud (en jaune) et de l'Alsace-Lorraine (en beige).

 

Toute autre était la vision d’Otto Von Bismarck, ministre-président de Prusse, qui, issu de la noblesse terrienne, était conservateur dans l’âme. Selon sa formule :

L'Allemagne ne s'intéresse pas au libéralisme de la Prusse mais à sa force. La Prusse doit rassembler ses forces et les tenir en réserve pour un moment favorable qu'on a déjà laissé passer plusieurs fois. Depuis les traités de Vienne, nos frontières ne sont pas favorables au développement de notre État. Ce n'est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, comme on l'a cru en 1848, mais par le fer et par le sang.

Pour lui donc, primait la force. Pour réaliser l’unité de l’Allemagne autour de la Prusse, il convenait, en premier lieu, d’éliminer l’Autriche qui présidait la Confédération germanique rassemblant tous les États allemands dans un vaste ensemble dont le poids politique était à peu près nul.

Sous l’impulsion de Bismarck, l’unité allemande ne suivit pas le même cheminement que celui de l’Italie. Après avoir réussi à unifier les États germaniques du Nord en créant la confédération de l'Allemagne du Nord en 1867, Otto Von Bismarck souhaita réunir les États catholiques du Sud (notamment la Bavière, le pays de Bade et le Wurtemberg, traditionnellement francophiles) pour créer un nouvel Empire allemand qui aurait été alors une puissance économique et militaire considérable et aurait changé l'équilibre des puissances en Europe, jusque-là dominée par l'Angleterre, la France, l'Autriche et la Russie, mais ce projet ne put aboutir.

Bismarck décida alors de provoquer délibérément l’Autriche pour en découdre militairement. Le 3 juillet 1866, l’armée prussienne écrasa l’armée autrichienne à Sadowa. En conséquence, l’Autriche se trouva écartée des affaires allemandes.

Voyant se profiler l'éventualité d'un conflit austro-prussien, Napoléon III avait tenté de monnayer sa neutralité en négociant avec Bismarck l'annexion par la France d'une partie de la rive gauche dans le cas où la Prusse sortait victorieuse du conflit. Parallèlement, il signait avec l'Autriche un traité secret aux termes duquel il garantissait à ce pays sa neutralité et la neutralité de l'Italie en échange de la cession de la Vénétie, qu'il comptait remettre ensuite à l'Italie. La défaite éclair de l'Autriche et l'annexion partielle ou totale par la Prusse d'États allemands alliés de l'Autriche bouleversa les plans de l'Empereur, qui s'était attendu à une longue guerre. Il demande alors comme compensation le retour à la frontière de 1814, soit l'annexion de la Sarre, du Luxembourg et du Palatinat bavarois. Bismarck fait échouer ce qu'il appelait la politique des pourboires et communique au gouvernement bavarois et aux autres États d'Allemagne du Sud les visées de la France sur des territoires allemands, ce qui ne peut que faciliter la négociation d'alliances militaires avec ces pays dans l'éventualité d'une guerre avec la France. Napoléon III oriente alors ses revendications sur des territoires non allemands Belgique et Luxembourg mais Bismarck laisse les négociations s'enliser. La France, humiliée, dut reculer mais le danger prussien apparut dans toute son ampleur et l’opinion publique française jugea désormais la guerre comme inévitable.

Bismarck, quant à lui, pense qu’un conflit armé avec la France est inévitable, comme il l’a lui-même reconnu dans son livre de souvenirs : Je ne doutais pas de la nécessité d’une guerre franco-allemande avant de pouvoir mener à bien la construction d’une Allemagne Unie. Cette certitude va de pair avec la conviction qu’il exprime ainsi : Si les Français nous combattent seuls, ils sont perdus en raison de la supériorité numérique comparée de la population des deux pays. En outre, si la France cherche des alliés, elle n’en trouvera pas car la France victorieuse représenterait pour tous un danger la Prusse ne le serait pour personne. Il conclut : Là est notre point fort.

 

L'élément déclencheur : la candidature d'un prince prussien au trône d'Espagne

L'une des causes de la guerre fut le jeu politique des classes dominantes autour du trône d'Espagne (vacant depuis la révolution de septembre 1868).

Le 21 juin 1870, poussé par Bismarck, Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un cousin catholique du roi Guillaume Ier de Prusse, accepte l'offre que lui fait le général Prim, l'homme fort du gouvernement espagnol, d'être candidat au trône d'Espagne.

Cette candidature souleva les craintes de la France d'être encerclée par une possible coalition rappelant l'empire de Charles Quint, mais ce fut la surenchère politique dans le cadre des luttes d'influence sur la scène européenne (surtout après l'échec de l'intervention française au Mexique) qui, le 6 juillet, poussa le duc de Gramont, ministre des Affaires étrangères de Napoléon III, à annoncer que la France s'opposait à cette candidature.

 

Monument commémoratif de la dépêche d'Ems à Bad Ems (Allemagne).

 

Le roi de Prusse soucieux de ne pas déclencher un conflit européen fit pression pour que Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen retirât sa candidature. Il le fit par une déclaration de son père le Prince Antoine (dont la famille avait été favorisée par Napoléon Ier), le 12 juillet, afin d'apaiser les tensions diplomatiques.

 

La dépêche d'Ems

Le roi Guillaume de Prusse approuva la renonciation du prince au trône d'Espagne. Cependant, la France voulait obtenir la garantie qu'aucun autre prince de la maison Hohenzollern ne prétendrait jamais plus au trône d'Espagne. L'ambassadeur de France, Vincent Benedetti, fut reçu, le 13 juillet, à Ems par le roi de Prusse qui lui confirma son approbation du retrait du prince mais ne voulut pas s'engager plus avant (pour ne pas céder aux exigences françaises), considérant l'affaire comme close. Il refusa courtoisement d'accorder une seconde entrevue à l'ambassadeur lui faisant savoir qu'il n'a plus rien d'autre à dire à l'ambassadeur. L'ambassadeur de France alla cependant saluer le roi de Prusse avant son départ pour Berlin. La situation semblait donc s'apaiser.

Cependant, Bismarck, bien informé des réalités de l'armée française, fort peu préparée à une guerre européenne et démoralisée par le désastre de l'expédition au Mexique, en avait décidé autrement. Après concertation avec le chef d'état-major des armées Moltke, il adressa aux chancelleries étrangères un récit tronqué de l'entretien entre Guillaume de Prusse et l'ambassadeur de France, c'est la dépêche d'Ems, qui laissait croire à un congédiement humiliant de l'ambassadeur, espérant que ce texte fera sur le taureau gaulois l'effet d'un chiffon rouge. En effet, il provoqua, à Paris, l'indignation de l'opinion. Le 19 juillet 1870, la France déclara la guerre à la Prusse.

 

L'entrée en guerre

Côté français

La presse parisienne dénonça l'affront de la dépêche d'Ems, telle que réécrite par Bismarck. La mobilisation, arrêtée secrètement le 13 juillet, fut signée le 14. Le 15, elle fut approuvée par le Corps législatif. Malgré les ultimes avertissements d'Adolphe Thiers (Vous n'êtes pas prêts !, criait-il aux parlementaires belliqueux), le Corps législatif français vota aussi les crédits de guerre. Le 16 juillet, le maréchal Bazaine fut placé à la tête du 3e corps de l'armée du Rhin. Il reçut autorité sur les armées des généraux Frossard et Ladmirault ainsi que sur la Garde impériale. Le général Chabaud-Latour fut chargé de la défense de Paris. Des travaux furent entrepris au fort du Mont-Valérien, aux forts de Montrouge, de Bicêtre, d'Ivry, de Vanves, d'Issy, puis le 3 août aux forts de l'Est, et à Saint-Denis ; plus d'une vingtaine de redoutes furent construites.

Le 17 juillet, lors d'un rassemblement populaire d'étudiants et d'ouvriers à la Bastille, le républicain Émile Ollivier, Premier ministre, poussé par l'opinion publique, déclara la guerre à la Prusse (la déclaration sera officielle deux jours plus tard). Le 19 juillet, Émile Ollivier, devant le Corps législatif, dit accepter la guerre d'un cœur léger.

Le 19 juillet, la France déclara la guerre à la Prusse. Cette décision provoqua un rassemblement enthousiaste des Parisiens devant le palais des Tuileries. Peu se rendaient compte que l'armée française était mal préparée à cette guerre : nous sommes prêts et archi-prêts, la guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats », déclara Edmond Le Bœuf, maréchal de France et ministre de la Guerre, à la Chambre des députés le 15 juillet 1870.

Les élites françaises étaient très confiantes dans leur armée et se faisaient des illusions sur ses chances de succès. Lors de la défaite de Wissembourg, le 4 août 1870, la Bourse de Paris resta stable. Elle ne chuta que plus tard, lorsqu'elle fut suivie par une série d'autres défaites, l'emprunt public à rendement de 3 % dégringolant de 13 %, d'un cours de 61,7 à 53,95.

 

Côté allemand

Les États allemands du Sud, à savoir le royaume de Bavière, le royaume de Wurtemberg, le grand-duché de Bade et le grand-duché de Hesse-Darmstadt, prirent alors parti pour la Prusse qui était sur le point d'être agressée et rejoignirent les forces de la confédération de l'Allemagne du Nord.

 

Forces en présence

Faiblesses françaises

La faiblesse majeure de l’armée de Napoléon III était son impréparation à faire la guerre : le système de recrutement était déficient et les difficultés logistiques liées à la mobilisation ne permirent d'aligner que 300 000 soldats de métier au début du conflit. La Garde nationale mobile mobilisée n'était pas en mesure de résister à l'ennemi.

L'armée française dirigée par l'empereur en personne ne disposait pas d'un corps de stratèges capable de définir une doctrine militaire. Les maréchaux qui entouraient l'empereur formaient une caste conservatrice et peu encline à échanger des informations tactiques ou stratégiques entre ses membres. Les chefs militaires français furent incapables de commander une grande quantité d’hommes. Lors de situations graves, voire désespérées, ce fut de l’initiative et du sacrifice des soldats que dépendit le salut de l’armée.

Au début du conflit, la France disposait de 265 000 soldats réunis dans l'armée du Rhin contre 500 000 soldats prussiens auxquels s'ajoutaient les forces de quatre États allemands du Sud, soit un total de 800 000 soldats. La mobilisation terminée, les troupes françaises comptaient 900 000 soldats contre 1 200 000 soldats allemands et prussiens.

La victoire de la France sur l'Autriche en 1859 fit illusion, car lors de la campagne, l'armée française n'avait pas de plan de manœuvre et sa logistique était improvisée. Or en 1870, la situation était identique d'autant que la majorité des commandants d'armée, de corps d'armée et de division n'était pas prêts à exercer de telles responsabilités. Par contre, les régiments étaient encadrés par des officiers de valeur.

 

La supériorité prussienne

En Allemagne, sous l’influence du maréchal Von Moltke, un état-major compétent s'était constitué. L'armée prussienne était formée de conscrits disciplinés, instruits, bien entraînés. Les effectifs atteignaient 500 000 hommes, avec une expérience récente du feu : contre le Danemark (1864) et contre l’Autriche (1866). L'armée prussienne disposait, en outre, d’une artillerie lourde. Dans le conflit, elle choisit de concentrer ses troupes sur des points précis, plutôt que de les disperser. Ces deux principes compensèrent largement les faiblesses du fusil allemand Dreyse, face aux qualités du Chassepot français.

Les armées de la confédération de l'Allemagne du Nord, des États de Bavière et de Wurtemberg, de Bade et de Hesse sont organisées selon le modèle prussien. Les réserves sont constituées de longue date et le commandement est formé de généraux et d'états-majors entraînés par des exercices annuels. Les troupes françaises étaient composées de 8 corps d'armées qui regroupent 23 divisions d'infanterie et 6 divisions de cavalerie.

 

Infanterie

L'organisation des corps d'infanterie est réglée par l'ordonnance du 8 septembre 1841. Cette arme se compose, indépendamment des corps faisant partie de la Garde impériale, de :

100 régiments de ligne

20 bataillons de chasseurs à pied

3 régiments de zouaves

1 régiment de sapeurs-pompiers de Paris

3 bataillons d'infanterie légère d'Afrique

5 compagnies de fusiliers de discipline

2 compagnies de pionniers de discipline

1 régiment étranger

3 régiments de tirailleurs algériens

1 compagnie de vétérans d'infanterie

La réserve est formée de la garde nationale mobile, les moblots, et de la garde nationale sédentaire qui sont de formation récentes et dont la valeur combative, variable, est inconnue à la déclaration de la guerre.

Cavalerie

Au début de la campagne de 1870, l'armée française compte 63 régiments de cavalerie, répartis en cavalerie légère (chasseurs et hussards), cavalerie de ligne (dragons et lanciers) et cavalerie de réserve (cuirassiers et carabiniers).

La cavalerie française est moins bien utilisée que celle des Prussiens dans le domaine de la reconnaissance, et le commandement croit encore à sa puissance de choc. En fait, l'artillerie prussienne (obus percutant) et les fusils modernes à tir rapide brisent les charges désormais inefficaces.

 

Une batterie française pendant la guerre de 1870.

 

Le canon de campagne français ou pièce de 4 utilisait surtout des obus fusants plutôt que percutants, avec seulement trois distances d'éclatement possibles. Cette infériorité technique greva la pièce de 4 de manière rédhibitoire par rapport aux effets du canon Krupp. L'infériorité de l'artillerie française, d’après le général Suzanne, directeur de l’artillerie en 1870, découlait aussi du mode d'emploi de l’artillerie : dispersion excessive de l'artillerie avec absence de grande batteries, duel avec l’artillerie adverse avec pour seul résultat d'attirer sur elle une concentration des batteries ennemies. Une seule grande batterie fut constituée par le colonel de Montluisant à Saint-Privat le 18 août. Elle infligea de fortes pertes à la garde prussienne.

Il faut également citer les canons à balles de Reffye, ces mitrailleuses qui tiraient environ 75 coups à la minute. Chaque fois que les officiers, commandant ces batteries de mitrailleuses à 6 pièces, comprennent qu’il valait mieux ne pas engager la lutte contre l’artillerie adverse mais contre l’infanterie, des résultats spectaculaires sont obtenus. Il semble même que la majorité des pertes prussiennes infligées par l'artillerie française leur soit imputable.

Armement du soldat

Le fusil Chassepot modèle 1866 français, avec une munition de 11 mm, a une portée utile de 600 mètres, est supérieur au fusil Dreyse équipant l'armée allemande. Ce dernier a une munition de 15 mm qui est moins puissante et moins précise. Par surcroît, l'effet vulnérant de la balle Chassepot était dévastateur. Plus de 80 % des pertes infligées aux troupes adverses en 1870-71 ont été imputées, après la guerre, aux effets du fusil Chassepot.

La dotation du fantassin français est de 134 cartouches par homme, 90 dans le sac, 24 à la réserve divisionnaire, et 20 dans les caissons de parc du corps d'armée. À la veille de la guerre, la France disposait d'un stock de 1 037 000 fusils Chassepot.

Le pistolet Lefaucheux 12 mm marin, est employé durant le conflit de 1870 avec des cartouches de 12 mm à broches. Son rechargement est lent du fait de sa conception. En effet, la portière de rechargement ne permet d'insérer qu'une seule cartouche à la fois.

 

Alphonse Deneuville (Saint-Omer, 1835 - Paris, 1885), Le combat de Chenebier, 1884. L'uniforme en drap bleu foncé et le pantalon garance sont bien visibles.

 

Uniforme de l'infanterie de ligne

Tunique en drap bleu foncé à deux rangées de boutons ; col jonquille avec passepoil bleu ; parements bleus avec passepoils jonquilles ; épaulettes écarlates; boutons en cuivre avec le numéro du régiment ; pantalon garance tombant droit sur le cou-de-pied ; guêtre en cuir ou de toile blanche selon la tenue ; shako garance avec bandeau bleu portant le numéro du régiment décoré en drap jonquille ; pompon à flamme écarlate ; jugulaire en cuir ; grand équipement en cuir noir.

 

Armée allemande

Les troupes allemandes sont composées de 16 corps d'armées qui regroupent 32 divisions d'infanterie et 8 divisions de cavalerie. Elles disposent de services de chemin de fer et de télégraphe.

Infanterie

Les régiments d'active sont commandés par d'excellents officiers entraînés à leurs responsabilités. Les réserves constituées depuis longtemps disposent de corps d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie.

 

Artillerie

Le canon Krupp prussien en acier se charge par la culasse, tandis que son homologue français est en bronze et se charge par la bouche. Ces avantages sont cependant limités par la qualité du métal et les deux types de canons sont rayés. En revanche, la cadence de tir du canon Krupp est nettement supérieure et la portée du canon Krupp est de 6 km contre 4 km pour les canons français. La supériorité prussienne vient aussi de l'utilisation d'obus percutants plutôt que fusants.

 

Armement du soldat

Les fusils Dreyse ont une portée et une précision moindre que les Chassepot français, mais l'armée prussienne est beaucoup plus entraînée et son commandement beaucoup mieux hiérarchisé, avec un système de transmissions efficace, conformément aux doctrines de l'Académie de guerre de Prusse.

 

La défaite de Napoléon III

Capitulation de Sedan, dessin d'Honoré Daumier dans Le Charivari du 22 septembre 1870.

 

Mal préparés, le plus souvent inférieurs en nombre et très mal commandés, les Français furent sévèrement battus dans plusieurs batailles, où ils firent cependant quelquefois preuve de panache : menacé d'encerclement par l'armée du Kronprinz à Frœschwiller, Mac Mahon sacrifia sa cavalerie pour dégager un axe de retraite vers Metz et Verdun.

À la bataille de Frœschwiller-Wœrth, les régiments cuirassiers chargèrent héroïquement dans Frœschwiller et dans Morsbronn où ils furent écrasés par les coalisés : des premier et deuxième régiments de cuirassiers il ne resta que peu de survivants.

 

Bataille de Saint-Privat (18 août 1870) par Alphonse de Neuville (1881)

 

En août 1870, Napoléon III établit son quartier général avec son état-major et le général Mac Mahon dans le château de Saint-Brice-Courcelles près de Reims.

Le 18 août, la bataille de Saint-Privat se solda par une défaite des armées françaises.

Après les défaites de Saint-Privat et de Gravelotte, le maréchal Bazaine se laissa assiéger dans Metz à partir du 20 août 1870 avec 180 000 soldats, 6 000 officiers, 1 650 canons, 6 000 à 10 000 chevaux, 278 000 fusils, 3 millions d'obus, 23 millions de cartouches.

Le 2 septembre, à Sedan, l'empereur des Français Napoléon III capitula avec 39 généraux, 70 000 à 100 000 soldats, 419 à 650 canons, 6 000 à 10 000 chevaux, 553 pièces de campagne et de siège et 66 000 fusils. L'organisation de l'armée impériale française était anéantie, le gros des unités de l'armée régulière était alors hors de combat.

 

La Défense nationale

 

Réservistes 1870 de Pierre Georges Jeanniot, Paris, hôtel des Invalides.

 

La capitulation de Napoléon III provoqua un soulèvement populaire à Paris, la chute du Second Empire et la proclamation de la République, le 4 septembre 1870. Un gouvernement provisoire fut aussitôt créé.

Le général Trochu, chef du Gouvernement de la Défense nationale, et Léon Gambetta, ministre de l'Intérieur et de la Guerre, tentèrent de réorganiser ce qu'il restait des armées françaises en déroute pour tenter de redresser la situation.

Le gouvernement choisit de rester dans Paris menacé d'encerclement par les troupes prussiennes et leurs alliés. Il décida néanmoins la création d'une délégation gouvernementale qui s'installa à Tours le 12 septembre 1870. Elle était dirigée par Adolphe Crémieux, ministre de la Justice, assisté d'Alexandre Glais-Bizoin et de l'amiral Fourichon. La mission de ces hommes était de coordonner les actions en province pour tenter de vaincre l'ennemi.

 

Siège de Paris

Le siège de Paris se déroula du 17 septembre 1870 au 26 janvier 1871. Les seuls moyens, alors, de transmettre, entre Paris et la province, des informations étaient l'utilisation de pigeons voyageurs et de ballons montés.

De Paris encerclée, plusieurs tentatives de sortie pour desserrer l'étau prussien furent entreprises :

Combat de Montmesly et première bataille de Châtillon (1870) (13–19 septembre 1870)

Deuxième bataille de Châtillon (1870) (13 octobre 1870)

Première bataille de Buzenval (21 octobre 1870)

Première bataille du Bourget (28–30 octobre 1870)

Bataille de Champigny (30 novembre–3 décembre 1870)

Deuxième bataille du Bourget (21 décembre 1870)

Seconde bataille de Buzenval (1871) (19 janvier 1871)

Le soulèvement du 31 octobre 1870 contre le gouvernement obligea celui-ci à organiser un référendum le 3 novembre. Les résultats du vote renforcèrent le gouvernement qui organisa des élections municipales deux jours plus tard.

Le soulèvement du 22 janvier 1871 visant à empêcher le gouvernement de capituler échoua. Un armistice fut signé avec l'Allemagne, le 26 janvier 1871, il entra en vigueur le 28.

 

La délégation gouvernementale de Tours

 

Léon Gambetta par Étienne Carjat. 1838-1882

 

Il apparut au gouvernement qu'une personnalité forte était nécessaire pour diriger la délégation de Tours. Gambetta, sollicité par ses collègues ministres, quitta Paris en ballon monté, accompagné d'Eugène Spuller, le 7 octobre, pour organiser la défense nationale. Il rejoignit ses trois collègues à Tours le 9 octobre.

Un fort mouvement patriotique toucha tous les milieux politiques et déborda même les frontières. Il alla des Vendéens royalistes aux Chemises rouges de Garibaldi. Des volontaires s'engagèrent, des bataillons de mobiles de la Garde nationale se confondirent avec les territoriaux et firent face à l'ennemi. Des francs-tireurs harcelèrent les arrières de l'armée allemande. Mais, faute de cadres, d'équipement et de formation militaire suffisants, ces volontaires ne furent pas en mesure de vaincre les troupes allemandes aguerries.

À Metz, le maréchal Bazaine capitula le 19 octobre, livrant aux Prussiens, 170 000 à 180 000 soldats, 1 660 canons, 278 000 fusils.

Gambetta organisa la résistance depuis Tours. Il reconstitua trois armées : l'armée du Nord, l'armée de la Loire et l'armée de l'Est. Une quatrième armée, l'armée des Vosges était formée majoritairement de soldats étrangers s'étant mis au service de la France. Ces quatre armées combattirent sur différents fronts :

 

Sur la Loire

Après la capitulation de Metz, les autorités prussiennes exigent que les francs-tireurs se trouvant dans leurs familles se rendent sous trois jours sous peine de représailles.

 

Le 27 octobre 1870, Bazaine capitula à Metz libérant la IIe armée allemande qui se porta au-devant de la première armée de la Loire du général Aurelle de Paladines. Celui-ci fut d'abord vainqueur des Bavarois à Coulmiers, à l'ouest d'Orléans, le 9 novembre mais il fut ensuite battu le 2 décembre à Loigny et le 8 décembre près d'Orléans. L'armée allemande attaqua alors la deuxième armée de la Loire, confiée au général Chanzy, qui fut battue le 11 janvier au Mans.

L'armée de la Loire se replia alors derrière la Mayenne.

 

En Bourgogne

Giuseppe Garibaldi, général républicain italien, se mit à la disposition du gouvernement de la Défense nationale, il débarqua le 7 octobre à Marseille. Aucun officier supérieur français n'accepta d'être sous ses ordres. Gambetta lui confia le commandement de tous les corps francs de la zone des Vosges, de Strasbourg à Paris et une brigade de gardes mobiles. L'armée des Vosges était composée de coloniaux, de gardes nationaux originaires des Alpes-Maritimes et de Savoie, de corps francs (Est et Sud-Est de la France), de volontaires étrangers (polonais, hongrois, espagnols, américains et, surtout, italiens) : initialement moins de 4 000 hommes mal armés, mal équipés pour passer l'hiver. Garibaldi était accompagné de ses deux fils, Ricciotti et Menotti et de son gendre, Stefano Canzio.

Le 19 novembre, Ricciotti Garibaldi infligea une défaite aux Prussiens du général Werder à Châtillon-sur-Seine. Dijon était occupée depuis le 31 octobre 1870. Le 17 décembre, les Prussiens évacuèrent la ville étant informés de l'arrivée des troupes régulières françaises menées par le général Bourbaki. Les Prussiens attaquèrent Dijon les 21, 22 et 23 janvier 1871. Garibaldi sortit victorieux de la bataille tandis que Ricciotti s'emparait d'un drapeau du 61erégiment poméranien. Un armistice entra en vigueur le 28 janvier 1871.

 

Dans le Nord

L'armée du Nord fut dirigée par le général Bourbaki puis par le général Farre qui fut remplacé par le général Faidherbe, le 3 décembre 1870. Après la bataille d'Amiens, suivie de la bataille de l'Hallue, du siège de Péronne et de la bataille de Bapaume, en janvier 1871, le général Faidherbe livra une dernière bataille à Saint-Quentin qui se solda par un échec puis, battit en retraite à l'abri des places fortes de Cambrai et Lille, sans être vraiment inquiété par le général Von Goeben. Paris ne put être secouru, cependant l'action de Faidherbe permit aux départements du Nord et du Pas-de-Calais de ne pas être envahis.

 

Dans l'Est

À l’est, Bourbaki, après une victoire à Villersexel, échoua dans sa tentative de libérer Belfort assiégée : son offensive fut stoppée à Héricourt et Montbéliard. Il fut remplacé le 26 janvier, à la suite d'une tentative de suicide, par le commandant du 20e corps, le général Clinchant, qui, encerclé par les Allemands, n’eut d’autres ressources que de négocier avec le général suisse Hans Herzog l'entrée des soldats français désarmés en Suisse, le 1er février 1871, ce qui provoqua la disparition de l’armée de l’Est.

Néanmoins, de durs combats eurent lieu au défilé de la Cluse (au sud de Pontarlier) où des troupes françaises se firent massacrer courageusement pour sauver le gros de l’armée. D’autres généraux dont Camille Crémer et Pallu de la Barrière ainsi que l'amiral Penhoat réussirent à passer le massif du Jura enneigé avec plusieurs milliers d’hommes et à rejoindre Lyon par Gex. Les forts de Joux et du Larmont ne se rendirent que le 10 février après avoir occasionné de lourdes pertes aux Allemands.

 


19/09/2017
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