GUERRE FRANCO-ALLEMANDE DE 1870-1871

GUERRE FRANCO-ALLEMANDE DE 1870-1871

SUITE DE L'HISTORIQUE

Les ratés de la Défense nationale

L'organisation de la Défense nationale connut des ratés. Gambetta, en tant que ministre de la Guerre, décida de créer onze camps régionaux (Les Alpines, Bordeaux, Cherbourg, Clermont-Ferrand, Conlie, Montpellier, Nevers, La Rochelle, Saint-Ouen, Sathonay et Toulouse) où les nouvelles recrues reçurent une formation avant de combattre. Le général de Kératry avait constitué une armée de Bretagne forte de 60 000 volontaires bretons qui furent rassemblés au camp de Conlie à 24 km du Mans. En raison de leur nombre, les hommes étaient répartis au hasard des routes voisines du camp. Ils attendirent en vain des carabines américaines qui étaient bloquées, faute d'en avoir payé les droits de douane, à Brest.

Gambetta, craignant une renaissance de la chouannerie royaliste, regarda avec méfiance cette armée. Son hébergement, son ravitaillement et son équipement furent négligés. Elle fut décimée par la dysenterie. Une partie de ces volontaires bretons fut incorporée à la IIe armée de la Loire et participa à la bataille du Mans, dernière défaite avant l'Armistice.

Le 8 décembre 1870, la Délégation du Gouvernement de la Défense nationale de Tours fut transférée à Bordeaux.

 

L'impossible guerre navale

À la déclaration de guerre, un blocus de l'Allemagne par ses côtes maritimes fut décidé à Paris. La flotte prussienne ne pouvait s'y opposer, mais la marine française n'étant pas opérationnelle (manque de charbon, réservistes qui devraient servir sur les 470 navires français difficiles à mobiliser), le blocus de Wilhelmshaven s’avéra inefficace. À partir de septembre 1870, la mer devenant trop impraticable, la flotte française regagna les ports de la Manche et n'en sortit plus.

Le Bouvet éperonne le Météor.

 

Un débarquement sur la côte de la Baltique fut envisagé, cette diversion avait pour but de soulager la pression sur l'Alsace et la Lorraine, mais aussi, d'amener le Danemark à déclarer la guerre à la Prusse. Mais l'idée s’avéra impossible à mettre en œuvre, les défenses côtières allemandes (canons Krupp à longue portée), et la géographie de la mer des Wadden n'avaient pas été correctement évaluées.

Les troupes de Marine furent redéployées au camp de Châlons et participèrent à la bataille de Sedan. Une grande partie de l'armée étant prisonnière à Metz, la Marine fournit les officiers et sous-officiers qui encadrèrent les Gardes mobiles et les forts de Paris.

Les seuls combats navals se résumèrent au combat entre le Météor et le Bouvet devant La Havane en novembre 1870, au blocus du Herta par le Dupleix en rade de Nagasaki, au forçage du blocus de Wilhelmshaven par la corvette Augusta, à la capture de trois navires marchands au large de Brest, de Rochefort et à l'embouchure de la Gironde, et à une poursuite menée par la frégate L'Héroïne qui s'achèvera par le refuge d'un navire dans le port espagnol de Vigo.

 

Une victoire sans appel de l'Allemagne

Carte postale de Saint-Quentin occupé. Les Prussiens sur la Grand'Place en 1871.

 

Ce qui restait des armées françaises tenta de résister et parvint à faire reculer l'ennemi, notamment sur la Loire et dans le Nord, mais, très affaiblies, elles durent battre en retraite sur tous les fronts en janvier 1871. L'armée de la Loire, commandée par Chanzy, fut vaincue au Mans, l'armée de l'Est, commandée par Bourbaki, fut vaincue à Héricourt, l'armée du Nord, commandée par Faidherbe, fut vaincue à Saint-Quentin et les Parisiens le furent à Buzenval. Seule Belfort, assiégée, tenait bon.

 

La fin des combats

Le 20 janvier 1871, le gouvernement de la Défense nationale se résolut à demander l'armistice, dont il avait une première fois repoussé les conditions en septembre lors de l'entrevue de Ferrières.

Le manque de vivres, le bombardement quotidien et la succession des échecs militaires provoquèrent une agitation croissante de la population parisienne qui fit craindre au gouvernement provisoire une prochaine révolte. Il décida donc de cesser le combat au plus vite.

Le 22 janvier, des Parisiens excédés par la faim et les bombardements réclamèrent l'élection d'une commune, une fusillade éclata entre manifestants et gardes nationaux faisant cinq morts et une vingtaine de blessés.

Pressé d'en finir, le gouvernement adressa secrètement, le lendemain, une demande de négociation à Bismarck. Le 26 janvier un armistice était signé et aussitôt appliqué. Le 28 janvier 1871 furent signées les conventions militaires.

Signé le 26 janvier 1871 l'armistice ne concernait pas les opérations militaires dans l'Est de la France car les négociations sur le futur tracé de la frontière franco-allemande n’avaient pas encore abouti. L'armistice général intervint le 15 février 1871. L'ordre fut alors donné à la place fortifiée de Belfort de se rendre, ce qu'elle fit, le 18 février, l'ennemi lui rendant les honneurs de la guerre.

 

Principales batailles

Bataille de Wissembourg (4 août 1870)

Bataille de Frœschwiller-Wœrth ou bataille de Reichshoffen (6 août 1870)

Bataille de Forbach-Spicheren (6 août 1870)

Bataille de Borny (14 août 1870)

Bataille de Mars-la-Tour (16 août 1870)

Bataille de Saint-Privat ou bataille de Gravelotte (18 août 1870)

Bataille de Bazeilles (31 août–1er septembre 1870)

Bataille de Nompatelize (2 septembre 1870)

Bataille de Sedan (1er-3 septembre)

Siège de Strasbourg (23 août–28 septembre 1870)

Dépêche annonçant l'armistice. À Bordeaux, le 29 janvier 1871 et pour copie conforme le sous-préfet à Largentière.

 

Bataille de Châteaudun (18 octobre 1870)

Première bataille de Dijon (30 octobre 1870)

Bataille d'Orléans, première période (11 octobre–5 novembre 1870)

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

Bataille d'Amiens (1870) ou bataille de Villers-Bretonneux (27 novembre 1870)

Bataille de Loigny (2 décembre 1870)

Bataille d'Orléans, seconde période (2–4 décembre 1870)

Deuxième bataille de Dijon (18 décembre 1870)

Bataille de l'Hallue ou bataille de Pont-Noyelles (23–24 décembre 1870)

Bataille de Bapaume (1871) (3 janvier 1871)

Siège de Péronne (1871) (27 décembre–10 janvier 1871)

Bataille de Villersexel (8–9 janvier 1871)

Bataille du Mans (11–12 janvier 1871)

Troisième bataille de Dijon (14 janvier 1871)

Bataille de la Lizaine ou bataille d'Héricourt (14–18 janvier 1871)

Bataille de Saint-Quentin (1871) (19 janvier 1871)

Siège de Paris (17 septembre 1870–26 janvier 1871) et chronologie du siège

Siège de Belfort (3 novembre 1870–18 février 1871)

 

Les pertes humaines

Le conflit fait 139 000 morts dans les rangs français et 51 000 morts côté allemand.

L’armée allemande eut des pertes très lourdes pendant cette campagne. Bien que victorieuse dans la quasi-totalité des combats, elle y perdit souvent plus de soldats que la France. La victoire prussienne de la bataille de Saint-Privat où les Allemands eurent 20 000 tués, blessés et disparus contre 12 000 Français, est bien représentative. De plus les Allemands progressaient à travers un pays résolument hostile : l’action des francs-tireurs fut très forte et entraîna une psychose dans l’armée allemande.

Elle coûta à la France 138 871 morts ou blessés (au combat ou de maladie).

La variole a ravagé les deux armées. Cependant, les Prussiens, qui connaissaient l'efficacité du rappel antivariolique, ont eu nettement moins de pertes dues à cette maladie. En effet, sur 8 500 Prussiens contaminés, 450 en sont morts (5 %), alors que les Français qui ne connaissaient pas la nécessité du rappel du vaccin ont eu 125 000 contaminations et 23 500 décès (19 %).

 

Les traités de paix

 

Traité préliminaire de paix du 26 février 1871

Traité de Francfort  du 10 mai 1871

 

Conformément aux clauses de l'armistice, une Assemblée nationale est élue au suffrage universel le 8 février. Cette Assemblée est majoritairement monarchiste et favorable à la paix. Elle investit le 19 février un gouvernement dirigé par Adolphe Thiers.

Le traité de paix préliminaire franco-allemand est signé à Versailles le 26 février et ratifié par l'Assemblée nationale le 1er mars par 546 voix contre 170 et 23 abstentions.

Il est confirmé par le traité de Francfort du 10 mai 1871.

La France dut céder à l'Allemagne, l'Alsace, française depuis les traités de Westphalie (1648) et Ryswick (1697), les territoires annexés par Louis XIV dont Strasbourg en 1681, ainsi que Metz, française depuis le siège de 1552, soit tout ou partie de cinq départements de l'Alsace et de la Lorraine :

Le Haut-Rhin sauf le Territoire de Belfort ; Le Bas-Rhin ; Une très grande partie du département de la Moselle ; Une grande partie du département de la Meurthe ; Une toute petite partie du département des Vosges, qui constituèrent jusqu'en 1919 la province allemande d'Alsace-Lorraine.

Elle dut également payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs-or. Les troupes allemandes occupèrent une partie de la France, jusqu'à ce que le total du tribut soit versé en septembre 1873.

L'annexion devait concerner la Moselle et l'Alsace dont le Territoire de Belfort, mais étant donné la bravoure des troupes françaises du colonel Denfert-Rochereau lors du siège de Belfort, ce territoire resta à la France en contrepartie d'autres territoires lorrains, notamment les villages correspondant au champ de bataille de Saint-Privat :  le tombeau de ma garde disait Guillaume Ier de Prusse.

 

Conséquences de la guerre

La chute du Second Empire

La capitulation de Sedan provoqua deux jours plus tard, le 4 septembre 1870 à Paris, une révolution sans violence. La déchéance de l’Empereur Napoléon III fut votée par le Corps législatif et Léon Gambetta proclama la République à l'hôtel de ville. Un Gouvernement de la Défense nationale se forma pour continuer la guerre.

Au niveau colonial, la France qui était déjà présente en Cochinchine, en Asie, doit cesser toute expansion en Indochine jusqu'aux années 1880, où les conquêtes coloniales vont reprendre. En Afrique, l'expansion des conquêtes coloniales autour du Sénégal sont aussi ralenties, tout comme la pénétration du Sahara au sud de l'Algérie.

 

L'achèvement de l'unité italienne

La guerre franco-prussienne eut pour conséquence indirecte l'achèvement de l'unité italienne. Pendant le Second Empire, les troupes françaises protégeaient la ville de Rome qui restait ainsi sous la souveraineté pontificale. En 1870, après l'évacuation des troupes françaises du fait de la guerre avec la Prusse, Rome fut annexée (le 20 septembre 1870) par l'Italie et devint la capitale du pays. Le pape n'exerce plus, dès lors, sa souveraineté temporelle que sur la Cité du Vatican.

 

L'unité allemande

Proclamation de l'Empire allemand dans la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1871 (peinture d'Anton Von Werner, 1885).

 

La guerre unit tous les territoires allemands sous la couronne prussienne. Le roi de Prusse fut proclamé empereur, le 18 janvier 1871, dans la galerie des Glaces du château de Versailles. La politique de Bismarck avait triomphé.

L'Allemagne décida, en outre, d'annexer l'Alsace-Lorraine (l'Alsace et la Moselle actuelle), qui demeurèrent allemandes jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale.

La conséquence immédiate de la guerre de 1870 fut l'avènement de l'Empire allemand l'Allemagne bismarckienne et donc d'un pays unifié en tant que nation et en tant qu’État, qui domina l'Europe continentale pendant près de trente ans devenant progressivement la première puissance industrielle du continent. La politique du chancelier Bismarck fut dès lors d'isoler diplomatiquement la France.

 

L'insurrection de la Commune de Paris

La déception face à la défaite, l’hostilité vis-à-vis de l’Assemblée récemment élue, à majorité monarchiste ainsi que certaines mesures prises par celle-ci ou par le gouvernement renforcèrent un climat d’agitation, à Paris, au sein de la Garde nationale et des milieux populaires. Une insurrection éclata à Montmartre, le 18 mars 1871, alors que des troupes régulières essayaient, sur ordre du gouvernement, de saisir des canons de la Garde nationale. Une autorité insurrectionnelle se mit en place : la Commune de Paris. Avec l'accord tacite des Prussiens, elle fut combattue puis écrasée lors de la Semaine sanglante (21–28 mai) par le gouvernement investi par l'Assemblée nationale, qui était replié à Versailles depuis le 18 mars.

 

Une volonté de revanche ?

L'avènement d'un régime républicain en France suscita la méfiance des monarchies européennes. Isolée en Europe, la France s'employa à constituer un vaste empire colonial, gage de sa puissance mais elle fut malgré tout en proie au sentiment douloureux d'une revanche à prendre, terreau d'un nationalisme qui perdura une vingtaine d'années. Toutefois, ce sentiment perdit progressivement de sa force et se réduisit ensuite à une nostalgie des provinces perdues jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Cependant, à partir de la crise boulangiste, un nationalisme revanchard se développa, dans une partie de la presse et l'opinion française, renforcé par l'affaire Dreyfus. Il se diffusa pendant la Belle Époque et conduisit après l'assassinat de Jean Jaurès, partisan de la paix, le 31 juillet 1914, au ralliement des pacifistes à l'Union sacrée et à la guerre (Première Guerre mondiale).

 

Mémoire de la guerre de 1870

Le traité de Francfort du 10 mai 1871, qui clôtura la guerre franco-prussienne de 1870, stipulait, dans son article 16, que les deux États signataires s'engageaient, sur leur territoire respectif, à entretenir les tombes de soldats morts pendant le conflit.

La loi allemande du 2 février 1872 régla la question des tombes militaires allemandes et françaises dans les trois départements annexés d'Alsace-Lorraine. La loi française du 4 avril 1873, relative à la conservation des tombes des soldats morts pendant la guerre de 1870-1871, réglementa la question des tombes militaires sur le sol français. De 1873 à 1878, l’État français a financé la construction de 25 ossuaires surmontés d'un monument et l'aménagement de 87 396 sépultures réparties dans 1 438 communes et 36 départements.

L'édification de monuments commémoratifs a été, pour une part, l’œuvre du Souvenir français et celle des sections de vétérans. C'est à partir de la loi de 1890, laissant aux communes, l'initiative de leur érection, que l'on vit se multiplier les monuments aux morts de la guerre de 1870-1871, en France.

 

 



19/09/2017
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